Est-ce vrai ? Mis en examen pour «corruption passive» dans l’affaire libyenne, Sarkozy use du même argument que dans l’affaire «des écoutes» (un possible trafic d’influence avec le juge Azibert), dans laquelle il est aussi accusé de corruption. Sarkozy laisse entendre qu’une absence de contrepartie suffirait à rendre caduque la corruption, alors que la loi dit bien qu’elle n’est pas nécessaire pour que l’infraction soit constituée.
A propos de l'attitude de la France à l'égard de Kadhafi, il faut distinguer deux périodes. Dès décembre 2007, Sarkozy fraîchement élu reçoit en grande pompe à Paris le leader libyen pour une visite d'Etat. On se souvient de son arrivée en limousine et de la tente bédouine qu'il avait plantée dans les jardins d'une dépendance de l'Elysée. Cette visite avait été largement critiquée. Quatre ans plus tard, tout a changé. C'est bien la France, avec le Royaume-Uni, qui a fait adopter le 17 mars 2011 au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution autorisant «les Etats membres […] à prendre toutes les mesures nécessaires […] pour protéger les civils et les zones peuplées de civils sous la menace d'attaques» du régime libyen. L'adoption de la résolution qui instaure une zone d'exclusion aérienne et autorise, si nécessaire, des frappes aériennes n'était pas garantie. Les Etats-Unis étaient réticents, la Russie et la Chine hostiles. La diplomatie française se démène pour les faire changer d'avis. Et Washington finit par s'aligner sur la position française, tandis que Moscou et Pékin s'abstiennent. Le régime de Kadhafi serait-il encore en place si la résolution avait été rejetée ? Impossible de le dire. Mais le fait est que la résolution poussée par la France a permis de bloquer une offensive majeure des soldats loyalistes contre la ville de Benghazi, là où le soulèvement avait éclaté. Reste à savoir si le rôle actif de la France dans cette offensive est lié, de près ou de loin, à des compromissions entre Paris et Tripoli.