A la mi-janvier, un internaute, Aqababe, accuse Jeremstar de lui avoir volé un scoop concernant deux participants à une télé-réalité. Pour se venger, le blogueur publie une vidéo de Jérémy «Jeremstar» Gisclon en train de se masturber, aujourd'hui supprimée. Puis Aqababe s'en prend à l'entourage de Jérémy Gisclon. Il publie des captures d'écran, sonores ou vidéo, d'échanges qu'aurait eus Pascal Cardonna («Babybel» dans l'univers de Jeremstar) avec des jeunes. Nous les avions interviewés.
Deux garçons avaient porté plainte contre Pascal Cardonna pour viol sur mineur, rapportaient l'Obs et Libé. Après coup, Buzzfeed révélait qu'ils y avaient été incités, entre autres, par le paparazzi Jean-Claude Elfassi, qui les aurait mis en contact avec des avocats. Entre les lignes des plaintes, qui ont depuis été retirées par les deux garçons, on a pu lire que Jeremstar était complice de Pascal Cardonna, que Libération avait interviewé il y a quelques semaines. L'enquête est toujours en cours. Aujourd'hui, Jeremstar, qui a porté plainte contre Aqababe pour atteinte à la vie privée dès le début du grand déballage, contre-attaque. Il dit n'avoir «rien à [se] reprocher», et refuse le nom de «Jeremstargate», un temps donné à l'affaire.
Pourquoi sortir du silence maintenant ?
On parle d'une affaire sérieuse et grave, et les réseaux sociaux n'étaient pas l'endroit adapté pour régler ça. Je me suis mis en retrait, mais en deux mois je n'ai été ni convoqué, ni placé en garde à vue, ni mis en examen, ni même entendu comme témoin [il l'a toutefois été en tant que plaignant dans le cadre de sa plainte contre Aqababe, ndlr]. Je me suis mis à disposition de la justice, je le suis toujours, mais je ne vais pas rester terré jusqu'à la fin de mes jours. D'autant que je n'ai rien à me reprocher.
Vous faites la différence entre Jérémy Gisclon et votre personnage Jeremstar. Lequel répond à nos questions ?
Jérémy Gisclon, évidemment. Ça se voit, non ? Il n’y a pas de cris, je suis plutôt posé. Jeremstar est un personnage outrancier, qui fait des vidéos sur Snapchat. Il vit dans une pièce de théâtre, avec des personnages, des gens qui jouent des coudes pour être dans la lumière.
Le Jeremstar qui se mettait nu sur des plateaux télés, ou qui coupait un animateur qui l’interrogeait en disant «tu m’excites, tu m’excites», c’est fini ?
Au début, il fallait que je me fasse remarquer. Depuis, j’ai su utiliser tous ces réseaux sociaux pour générer un business mais à l’époque, Jeremstar voulait faire parler de lui, il aimait la célébrité, les lumières. Aujourd’hui, quand je regarde ces passages, je n’ai pas honte, c’était mes débuts, je suis plutôt attendri. Mais ça n’est absolument plus mon ADN actuel. Aujourd’hui, je suis porteur d’un message beaucoup plus enrichissant pour les jeunes qui me suivent. J’essaye de leur inculquer que la célébrité n’est pas un métier, et que pour gagner sa vie, il faut travailler, avoir des idées, et ne pas faire n’importe quoi.
Et donc ne plus se masturber devant une caméra, comme on vous voit le faire dans la vidéo sortie au début du mois de janvier ?
Je ne sais pas d'où provient cette vidéo, ou comment elle a été obtenue par ce garçon [Aqababe], que je ne connais pas. Ça remonte maintenant à facilement dix ans. Je ne l'ai jamais moi-même mise en ligne. Une plainte a été déposée et la justice enquête à ce sujet [ce que confirme le parquet de Paris]. Je suis très engagé contre le «revenge porn» [la diffusion de vidéos pornographiques tournées avec l'accord d'une personne mais diffusées par la suite pour lui nuire]. Avant qu'il ne m'arrive ça, j'avais justement fait un reportage sur ce sujet avec [la secrétaire d'Etat] Marlène Schiappa pour mon émission chez Ardisson [Les Terriens du dimanche, où Jeremstar n'intervient plus depuis le début de la polémique].
Votre nom, Jérémy Gisclon, apparaît dans une des plaintes contre Pascal Cardonna pour viol sur mineur. Même si vous n’étiez pas physiquement présent à la soirée, et que la plainte a été retirée, comment l’expliquer ?
Cette affaire n'est pas la mienne. Je ne connais pas les deux plaignants. Je ne les ai jamais rencontrés. Enfin si, apparemment une fois, à une dédicace, j'ai vu des photos circuler [son avocate l'interrompt, il se ravise]. On a beaucoup parlé de «Balance ton porc», qui est un mouvement formidable pour la libération de la parole. Mais attention aux dérives. Sur les réseaux sociaux, on est tombé dans «balance tout et n'importe quoi sur n'importe qui de connu». C'est un tribunal médiatique, une agora numérique absolument grotesque dont je me fous absolument. Je voudrais rappeler aux internautes et aux journalistes que la justice ne se fait pas sur Internet mais dans un tribunal. C'est très "pute à clic" tout ça : c'est plus vendeur de parler de Jeremstar que de parler de Pascal Cardonna, alias Babybel. C'était du racolage putassier avec mon nom.
Dans une vidéo sur YouTube, vous invitez vos fans, les «Jeremstarlettes», «de préférence des garçons sexy et musclés» à venir chez Pascal Cardonna passer la soirée. Celui-ci ajoute : «J’invite trois garçons de ton choix pour te faire plaisir, pour te distraire, chez moi.»
Je ne me souviens pas, mais cette vidéo est complètement sortie de son contexte. Je cherchais sûrement juste à rencontrer des gens, je n’étais absolument pas connu. J’avais envie d’avoir des gens qui me rassurent, qui m’apprécient, de me sentir aimé. Je n’invite personne, et personne ne vient. Jamais personne n’est venu sur mon invitation à une soirée que Pascal Cardonna organisait.
Il y a aussi cette vidéo, où vous êtes chez Pascal Cardonna, en présence d’un jeune qui dit avoir 16 ans.
Ce jeune n’a pas été invité par moi. Si j’avais des choses à me reprocher, est-ce que je l’aurais filmé ? Je n’ai rien fait d’illégal. Est-ce qu’on peut m’expliquer depuis quand il est interdit de fréquenter des mineurs ? A ce moment-là, je ne vois plus mes neveux.
Dès le début de l’affaire, vous publiez deux communiqués pour vous désolidariser de Pascal Cardonna. Vous lâchez votre ami ?
Non. Jeremstar n’a pas d’ami. Et Jérémy Gisclon n’est pas non plus l’ami de Pascal Cardonna. C’est une personne que j’ai fréquentée, certes depuis longtemps, mais c’est tout. On s’est connu sur Twitter il y a longtemps, il m’a aidé quand j’ai fait un documentaire sur ma vie parce qu’il filmait et qu’il avait du matériel, mais c’est tout. Avec la célébrité, tout est devenu plus compliqué. Notamment savoir qui était là sincèrement. Ma carrière a été entachée par des choses avec lesquelles je n’ai absolument rien à voir. Dans mon entourage, toutes les planches pourries vont être virées. Jérémy Gisclon ne reverra pas Pascal Cardonna. Jeremstar ne reverra pas Babybel.
Vous regrettez vos excès, votre personnage ?
Je me suis inscrit dans un rôle un peu de ragots, de potins, de sites internet sur la vie privée des people. C'est jamais bien méchant. Jeremstar est un personnage, toujours dans la surenchère [«Ça va changer», le relance sa communicante.] Oui j'allais y venir. Avec cette affaire j'ai pris conscience que j'avais un message à porter auprès des jeunes et que je ne pouvais pas dire et faire n'importe quoi. J'ai pris conscience également de la «trashitude» qui s'inscrit dans mon format d'interview, où je reçois des candidats de télé-réalité dans une baignoire, qui sont ni plus ni moins là pour faire de la délation ou balancer… Ça ne m'intéresse plus. Non, je n'ai pas de regrets, voilà je l'ai fait, ça fait partie de moi, j'étais dans la surenchère. Voilà, maintenant, en analysant certaines erreurs, à moi de les corriger.
On vous a reproché l’image très négative que vous pouviez renvoyer de la communauté gay ?
Je me balance totalement de l’avis de qui que ce soit à ce sujet. C’est ma sexualité, pas ma cause. Je ne suis pas le représentant des homos de France. L’avis de Pierre, Paul, ou Jacques, ça me passe un peu au-dessus. Je suis peut-être un modèle, pour tous ces jeunes qui n’arrivent pas à faire leur coming out. Pour toute cette communauté, j’ai un rôle où je les aide à s’assumer, à s’affirmer, mais je ne représente absolument pas le mouvement homosexuel.