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Analyse

Libye : les points faibles de la défense de Sarkozy

L’ex-chef de l’Etat, mis en examen pour «corruption passive», «financement illégal de campagne électorale» et «recel de détournement de fonds publics libyens», s’est invité jeudi soir sur TF1 pour dénoncer les accusations «grotesques» portées contre lui.
Dernier meeting de campagne de Sarkozy dans l’entre-deux-tours, le 4 mai 2012 aux Sables-d’Olonne. (Photo Laurent Troude)
publié le 22 mars 2018 à 20h36

Exactement comme il l'avait fait en 2014, Nicolas Sarkozy s'est invité, jeudi soir sur TF1, pour dénoncer les accusations «grotesques» portées contre lui. Le 2 juillet 2014, il sortait, comme jeudi, d'une longue garde à vue débouchant sur une mise en examen pour tentative de corruption (d'un magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert). Une affaire dans laquelle Sarkozy a été mis en cause à la suite d'écoutes initiées… dans le cadre de l'affaire libyenne. «J'ai été mis sur écoute pour des faits supposés d'argent versé par M. Kadhafi… absurde !» avait-il protesté. Près de quatre ans plus tard, devant le même Gilles Bouleau, présentateur du JT de TF1, c'est précisément de cette accusation de «corruption passive» que Sarkozy doit répondre dans l'affaire libyenne.

Quelques heures plus tôt, le Figaro avait publié le texte de sa longue déclaration, lue devant les juges mercredi soir. «Depuis le 11 mars 2011, je vis l'enfer de cette calomnie», affirme Sarkozy, suggérant par là qu'il serait victime d'une machination du clan Kadhafi, bien décidé à lui faire payer une décision politique : la reconnaissance officielle de l'opposition libyenne, reçue le 10 mars 2011 à l'Elysée, six mois avant la mort de Kadhafi. Les nouveaux ennuis judiciaires de sa figure tutélaire ont plongé la droite dans un état de sidération. Plusieurs cadres de la campagne de 2007 disent leur incrédulité : «Cette campagne, elle roulait toute seule. Les dons affluaient depuis 2004, le parti était riche. Qu'aurions-nous fait de 50 millions d'euros ?» affirme à Libération un ancien haut responsable de l'UMP.

Face à l'exceptionnelle gravité des charges - financement de campagne par une dictature sanguinaire -, la plupart des dirigeants de LR sont restés prudents, laissant aux habituels snipers sarkozystes, Nadine Morano en tête, le soin de crier au complot politico-judiciaire. A l'image d'Alain Juppé, beaucoup se sont contentés de témoigner sobrement de leur «amitié» pour l'ex-président, qui saura «apporter les preuves de son innocence». «Sur le fond du dossier, je fais confiance à la justice», assurait sur Twitter Laurent Wauquiez.

Mis en examen mercredi pour «corruption passive», «financement illégal de campagne électorale» et «recel de détournement de fonds publics libyens», Sarkozy fait aussi l’objet d’un contrôle judiciaire serré, une première pour un ex-chef de l’Etat : il lui est par exemple interdit de se rendre en Libye ou d’entrer en contact avec Claude Guéant, Brice Hortefeux ou l’ancien patron du renseignement Bernard Squarcini.