Ce vendredi, plusieurs attaques revendiquées par l'Etat islamique (EI) ont eu lieu à Carcassonne et Trèbes, dans l'Aude. L'homme à l'origine des attaques a été abattu par le GIGN vers 14h30. Le bilan s'élève désormais à quatre personnes tuées au cours des attaques menées par Redouane Lakdim dans le département, après le décès dans la nuit de vendredi à samedi du lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame. Une de ces victimes est le boucher du supermarché de Trèbes où le jeune homme s'était retranché. Les attaques ont également fait seize blessés, dont une dans un état grave. Parmi eux figure un officier de gendarmerie qui s'est volontairement substitué à une femme prise en otage dans le supermarché.
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Ce que l’on sait du déroulé des faits
L'attaque s'est déroulée en trois temps. Le suspect aurait d'abord volé une voiture à Carcassonne dans la matinée, tuant un passager et blessant le conducteur. Il a ensuite pris pour cible un groupe de quatre CRS qui rentrait d’un footing. L’homme les suivait en voiture et a sorti une arme, tirant à cinq reprises. Un CRS a été blessé à l’épaule.
Vers 11h15, l'homme se serait dirigé avec la même voiture vers un supermarché de Trèbes. Il est entré «en criant Allah Akbar et en revendiquant être un «soldat de l'EI»». «Il sollicitait la libération de frères avant de tirer sur un client et un employé du magasin qui, tous deux, décédaient sur place», a expliqué le procureur de Paris François Molins.
L’antenne du GIGN de Toulouse est rapidement arrivée sur place, avec le soutien des policiers d’élite du Raid et de la BRI (brigade de recherche et d'intervention).
A l'intérieur du supermarché, un gendarme s'est proposé pour se substituer à une femme prise en otage. Cet homme de 44 ans en poste à Carcassonne avait laissé son téléphone allumé sur une table. C'est quand ils ont entendu trois détonations via ce téléphone que les hommes du GIGN ont donné l'assaut, vers 14h30, tuant le suspect. Le gendarme a été retrouvé «gravement blessé». Il est décédé dans la nuit de vendredi à samedi.
- Il m'a tiré deux fois dessus (...)
— Agence France-Presse (@afpfr) March 23, 2018
- Il vous a raté ?
- Oui, il tirait mal
Prise d'otages à Trèbes : un vigile du supermarché témoigne #AFP pic.twitter.com/h8MPJulIGt
Le parquet de Paris a ouvert une enquête du chef d'«assassinat» et de «tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste», «séquestrations sous conditions en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroristes». L'enquête a été confiée à la Sous-direction anti-terroriste (Sdat), la DGSI et la Direction centrale de la police judiciaire (DIPJ) de Montpellier, selon le parquet.
Peu avant 16 heures, l’EI a revendiqué les attaques par le biais de son agence de propagande Amaq.
Les premières informations sur le suspect
Le suspect a été identifié comme Redouane Lakdim, un homme de 26 ans domicilié à Carcassonne. Salafiste actif sur Internet, il était connu des services de renseignement et avait déjà été condamné par le passé pour des faits de droit commun. Il avait été condamné à une peine d'un mois de prison pour une infraction de port d'arme prohibé puis pour usage de stupéfiant et refus d'obtempérer. Un «suivi de la part des services de renseignement en 2016 et 2017» pour ses liens «avec la mouvance salafiste» n'avait pas permis d'identifier de signes laissant présager un possible passage à l'acte terroriste, a indiqué François Molins.
«Il était connu pour des faits de petite délinquance et nous l'avions suivi et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l'acte brusquement», avait déclaré, plus tôt, sur place Gerard Collomb. L'homme aurait agi «seul» selon le ministre de l'Intérieur. François Molins, en fin de journée, a cependant indiqué qu'«une personne a été placée en garde à vue du chef d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste», a indiqué François Molins. Il s'agit, selon le procureur, «d'une femme qui partageait sa vie».
Les réactions
«Notre pays a subi une attaque terroriste islamiste», a déclaré Emmanuel Macron à l'issue d'une réunion de crise au ministère de l'Intérieur. Le gendarme qui s'est substitué à une femme prise en otage dans le supermarché «lutte contre la mort», a-t-il également indiqué. A propos de ce gendarme, Gerard Collomb a salué un «acte d'héroïsme».
La classe politique française a largement réagi en soulignant le courage des forces de police et en condamnant ce nouvel acte terroriste sur le sol français. Le futur premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré sur Twitter : «Une fois encore, une fois de trop la barbarie et la lâcheté. Une fois encore le courage de nos forces de sécurité. Une fois encore le peuple Français solidaire des victimes et uni dans la douleur comme dans la défense de la République».
François de Rugy, président LREM (La République en marche) de l'Assemblée nationale, s'est également exprimé sur le réseau social : «Solidarité avec les familles et les proches des victimes du terroriste de Trèbes et soutien aux forces de sécurité. La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine. Unité et détermination».
«Le terrorisme qui nous menace est le terrorisme islamiste, c'est le terrorisme de délinquants de droit commun qui basculent dans le fanatisme. Ne pas prendre en compte ces réalités serait une folie», a déclaré Bruno Retailleau, président du groupe LR (Les Républicains) au Sénat dans un communiqué.