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Nicolas Sarkozy, eux c’est eux, moi c’est moi

Pour la première fois, jeudi soir sur TF1, l’ancien chef de l’Etat a pris ses distances avec Claude Guéant et Brice Hortefeux.
Nicolas Sarkozy sur TF1, jeudi 22 mars. (Photo AFP)
publié le 23 mars 2018 à 20h56

Combatif et virulent, Nicolas Sarkozy a déroulé jeudi sur TF1 - avec un talent que personne n'a découvert et devant 7,3 millions de téléspectateurs - les dénégations qu'il avait déjà énoncées la veille juste avant sa mise en examen (lire le décryptage de ses arguments sur Libération.fr). Mais de ce vindicatif plaidoyer cathodique, on retiendra aussi, et peut-être surtout, les distances qu'il a prises pour la première fois avec Brice Hortefeux, tout en lui témoignant son affection, et plus encore avec Claude Guéant, dont la barque judiciaire est déjà bien remplie.

Si l'un comme l'autre ont fréquenté des personnages sulfureux, c'est bien leur affaire, a-t-il tenu à expliquer en fin d'entretien. Un «eux c'est eux, moi c'est moi» inédit chez l'ex-chef de l'Etat, qui a souligné qu'il «ne peu[t] être accusé au titre des liens» tissés avec ses proches : ils «s'en expliqueront».

Médiatique, la contre-attaque du camp Sarkozy est aussi juridique. Son avocat, Thierry Herzog, a annoncé vendredi matin qu’il allait faire appel du contrôle judiciaire serré auquel son client a été soumis (interdiction d’aller en Libye et de rencontrer Guéant ou Hortefeux), une mesure habituelle sur le plan du droit mais inédite à l’endroit d’un ex-président, dans une affaire qui ne l’est pas moins.

Jeudi sur TF1, canardant l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui dit avoir livré l'argent libyen, l'ancien chef de l'Etat a affirmé ne jamais l'avoir rencontré aux dates indiquées («autour du 27 janvier») : «J'ai la preuve que le 27 janvier je n'étais pas à Paris. J'étais en Avignon. Le 28 janvier, je n'étais pas à Paris, j'étais en Avignon. Que le 26 janvier, je n'étais pas à Paris, j'étais en Poitou-Charentes. Et que le 25 janvier dans l'après-midi je n'étais pas à Paris, j'étais à Saint-Quentin», a-t-il listé sur TF1. Or, le 26 janvier, comme BuzzFeed l'a noté, Sarkozy, ministre de l'Intérieur, était aux funérailles de l'abbé Pierre, à Paris. Une dépêche AFP en atteste. Interrogé par BuzzFeed, l'entourage de Sarkozy a reconnu sa présence à Paris le 26 janvier 2007, mais en précisant qu'il avait voulu dire sur TF1 «qu'il n'était pas à son bureau»

Quant à la fameuse note «originelle» publiée en mars 2012 par Mediapart, Sarkozy a affirmé sur tous les tons qu'il s'agissait d'un faux et que la justice l'avait prouvé. Sur ce point, l'ancien chef de l'Etat et le site d'information continuent de se renvoyer la balle. Mais vendredi sur RFI, Moftah Missouri, l'ex-interprète personnel de Kadhafi, a affirmé à son tour que ce dernier avait bien contribué à la campagne de Sarkozy. Et que le document est authentique, précisant l'avoir vu en janvier 2007 sur le bureau du Guide libyen. En outre, bien que tout se soit fait en liquide, Missouri assure qu'une preuve existe : un récépissé qui se trouvait aux mains du chef comptable, aujourd'hui emprisonné à Zaouïa sous la surveillance d'une milice locale.