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Libération
Droit de suite

Prépas de Saint-Cyr : après l'enquête de «Libé», des promesses et une réunion d'urgence

Harcèlement au lycée militaire de Saint-Cyrdossier
Trois ministres, dont celle des Armées Florence Parly, ont réagi suite à l'enquête de «Libération» sur le sexisme en bande organisée qui sévit au lycée militaire de Saint-Cyr. Pendant ce temps, les témoignages continuent à nous parvenir.
La ministre de la Défense Florence Parly, le 28 février 2018 à l'Elysée, à Paris (Photo ludovic MARIN. AFP)
publié le 23 mars 2018 à 18h26

«Tolérance zéro». A la suite de l'enquête de Libération qui a révélé le système bien rodé d'exclusion des filles au sein des classes préparatoires du lycée militaire de Saint-Cyr-L'Ecole (Yvelines), la ministre des Armées a joué la fermeté, mais pas la surprise. Invitée de RTL vendredi matin, Florence Parly a jugé «inacceptables» les cas de harcèlement rapportés dans notre journal et a promis des «mesures» contre les «tradis», ce groupe des garçons à l'origine du harcèlement sexiste. «Nous redoublerons d'efforts pour que ce comportement de minorité, car il s'agit bien d'une minorité agissante, cesse», a-t-elle assuré. «Il est inacceptable au XXIe siècle que des jeunes filles soient l'objet de telles discriminations». La ministre a brandi la menace d'«exclusions» de certains élèves du lycée ou de «sanctions éventuelles contre le corps enseignant, si celui-ci ne prend pas les mesures qui conviennent».

«Insupportable»

Quelques heures plus tard, sa secrétaire d'Etat Geneviève Darieussecq a embrayé sur les réseaux sociaux : «Le harcèlement est inadmissible. Que cela se passe à #SaintCyr, malgré 1ères alertes, m'est insupportable», a-t-elle réagi sur Twitter. «Comptez sur moi pour faire prendre les mesures nécessaires.»

Des alertes, il y en a eu, en effet : le phénomène de harcèlement moral et misogyne au sein des classes prépas militaires est connu du ministère des Armées. Depuis 2014, une inspection générale a lieu tous les ans dans les six établissements scolaires militaires, donnant lieu à chaque fois à un rapport. En 2015, la section sciences économiques de la prépa du lycée militaire de Saint-Cyr a été supprimée, en réaction à des «comportements discriminatoires à l'égard des élèves féminines» et des «conduites vexatoires et blessantes». En 2018, ces pratiques n'ont toujours pas cessé, notamment dans la section lettres du même établissement.

Réunion d’urgence

La situation décrite par Libération «est totalement contraire aux valeurs de la République», s'est insurgée de son côté Marlène Schiappa. «Nous ne tolérerons pas qu'une minorité maltraite des femmes et salisse l'image des armées.» A la suite de notre enquête, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes et Geneviève Darieussecq se sont rencontrées vendredi après-midi pour examiner en urgence la situation de l'établissement.

Libération s'est également rendu vendredi matin au colloque organisé à la Sorbonne par l'association des élèves et anciens élèves de l'école de Saint-Cyr, autour du thème de «la défense des valeurs de la France». Les généraux qui défilaient sur scène ont tour à tour évoqué «l'éthique», les «valeurs exemplaires» et la «fierté» de l'armée. Mais aucune allusion - au moins publique - à l'enquête de Libération. En revanche, dans l'audience, on notait des rictus et beaucoup d'yeux rivés sur les téléphones portables branchés sur le site de Libération.

Toute la journée, Libération a reçu par ailleurs plusieurs dizaines de nouveaux témoignages. Ils concernent plusieurs lycées militaires et plusieurs périodes, mais avec une tonalité générale : «Moi aussi, j'ai subi ou constaté ces agissements».