L’entreprise du fanatisme islamiste a une nouvelle fois imprimé sa marque sanglante dans la vie du pays. On savait que la défaite militaire de Daech en Irak ne mettrait pas un terme au cauchemar. Privés du territoire qu’ils martyrisaient, les terroristes continuent, comme on le redoutait, à susciter ou à inspirer les crimes qu’ils se plaisent à perpétrer contre des innocents au cœur des démocraties occidentales, même si la majorité de leurs forfaits se déroulent dans des pays musulmans. Les premières pensées qui viennent vont vers les victimes et leurs familles, qui méritent la plus grande compassion, et vers ce lieutenant-colonel de gendarmerie héroïque qui s’est offert pour remplacer des otages et qui lutte contre la mort au moment où ces lignes sont écrites. Il y a en France un terreau favorable à ces actes insensés, mélange de relégation sociale, de nihilisme ambiant et de propagande constante organisée par les prêcheurs de haine.
Mais ce qui frappe aussi, c’est le remarquable sang-froid dont fait preuve la population française dans son immense majorité. On laissera de côté l’antienne démagogique entonnée rituellement dans certains secteurs de l’opinion, à l’extrême droite notamment, à base de mesures simplistes et contraires à l’esprit républicain, dont l’application n’aurait d’autre effet que d’attiser le communautarisme et de donner raison aux fanatiques qui tentent d’encourager la répression aveugle pour se poser ensuite en martyrs. On apprenait jeudi que l’enquête annuelle sur l’intolérance dans la société française démontrait une grande stabilité - et même un certain progrès - dans l’acceptation de la différence au sein de la société, et dans le refus des préjugés religieux ou racistes. Ce qui démontre l’échec annoncé de l’entreprise terroriste. Au fond d’eux-mêmes, les Français savent qu’avec les moyens de la démocratie, la démocratie l’emportera.