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Libération
3%

Déficit public : la France dans les clous européens

Pour la première fois depuis la crise de 2008, la France affiche un déficit sous la barre des 3% de PIB. En revanche, la dette continue de gonfler.
Le ministère de l'Economie et des Finances, rue de Bercy, à Paris. (Photo Jacques Demarthon. AFP)
publié le 26 mars 2018 à 11h36

Une première depuis dix ans. Et un résultat qu'Emmanuel Macron et sa majorité n'hésiteront pas à brandir lors des prochaines échéances électorales. La France peut désormais présenter à Bruxelles un déficit public sous la barre des 3% de PIB. Avec 2,6% en 2017 contre 3,4% en 2016, le pays devrait sortir, du même coup, de la procédure pour déficits excessifs engagée contre elle par la Commission européenne en 2009. Pour cela, la France devra confirmer ce respect des règles européenne en 2018. Paris peut dire merci à la reprise économique et aux 2 % de croissance enregistrés l'an dernier, au-delà des prévisions. Cela a permis de remplir les caisses de l'Etat bien plus qu'attendu : selon l'Insee, après une augmentation de 1,6 % en 2016, les recettes des administrations publiques ont augmenté de 4 %.

Tout est en hausse : l’impôt sur les sociétés (+8 milliards d’euros du fait de la contribution exceptionnelle votée fin 2017 pour compenser les premiers remboursements – 4,9 milliards d’euros – liés à l'annulation de la taxe à 3% sur les dividendes), les prélèvements sociaux (+3,3 milliards d’euros, dont 2,8 milliards de CSG) ou encore les rentrées de TVA (+7,6 milliards d’euros). Résultat : le taux de prélèvements obligatoires est en hausse : +0,7 point à 45,4%. Au-dessus de ce qu’avait anticipé le gouvernement dans sa trajectoire budgétaire (44,7% en 2017) et loin de l’objectif pour 2022 : le gouvernement a promis de ramener ce taux à 43,6%.

«Efforts»

Forcément, les ministres de Bercy se sont empressés de mettre cette bonne nouvelle au crédit des premières décisions économiques et budgétaires d'Emmanuel Macron. «Excellente nouvelle due à nos efforts pour moins dépenser et aux recettes du nouvel élan économique inspiré par Emmanuel Macron», s'est félicité sur Twitter le ministre de l'Action et des Comptes public, Gérald Darmanin.

Invité de la matinale de France Info, Bruno Le Maire, a également salué cette «bonne nouvelle». «C'est la preuve que la stratégie définie par le président de la République est la bonne. Nous avons tenu nos engagements», a affirmé le ministre de l'Economie et des Finances.

«Cagnotte»

Mais pas question pour ce dernier d'accepter le mot «cagnotte». Et pour cause : si le déficit public français baisse, la dette des administrations publiques, elle, poursuit sa hausse. Selon l'Insee, elle a atteint, fin 2017, 2 218 milliards d'euros, soit 97% du PIB (contre 96,6% fin 2016). De quoi donner des arguments à l'opposition de droite qui dénonce depuis les débats budgétaires cet automne le «niveau élevé des dépenses». En 2017, ces dernières ont connu une accélération de +2,5% (0,7% en 2016).

«Les dépenses de fonctionnement augmentent de 2,2% en 2017 [après +0,7% en 2016]», précise l'institut qui pointe notamment la hausse des «les rémunérations [+2,2 % après +0,9%] sous l'effet notamment de la revalorisation du point d'indice en février 2017». Le gouvernement actuel pourra toujours rappeler qu'il a «freiné» les dépenses à l'été 2017 et mettre ça sur le dos de la précédente majorité. Cette dernière lui renverra qu'on ne peut lui faire endosser les mauvais résultats économiques sans, aussi, lui adjuger une part de ce retour de la France parmi les bons élèves européens.