Menu
Libération

Vers la réintroduction de deux ourses

publié le 27 mars 2018 à 20h06

Le ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot, a annoncé au Parisien lundi soir la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques à l'automne, ce qui n'était pas arrivé en France depuis 2006. Il juge qu'«on ne gagnera pas la bataille du climat sans restaurer les écosystèmes».

L'initiative ravit WWF France : «Plus de vingt ans qu'on demande» ce renforcement de la population d'ours «menacée d'extinction», indique Jean-Christophe Poupet, responsable des territoires de montagne et des grands carnivores. Actuellement, il ne reste plus que deux mâles. Avec les deux nouvelles femelles, l'idée est de repeupler cette zone.

Qu’en pensent les élus locaux ?

Si «l'ours est un patrimoine sauvage de notre pays», comme l'a souligné Hulot, il sait aussi que «c'est un dossier compliqué». «Sans être circonspect, on note les bonnes intentions du ministre mais ce dialogue doit permettre une véritable acceptation sociale», estime l'Association nationale des élus de montagne (Anem), contactée par Libé. Des collectivités dont les intérêts ont tendance à converger vers le monde agricole. Le ministre l'a d'ailleurs dit : «Je veux travailler avec les éleveurs» tout en demandant au préfet «de mener un dialogue qui doit aboutir à un accompagnement renforcé et une meilleure protection des troupeaux». L'Anem martèle : «On a le préalable du loup où le discours officiel est de dire il y a concertation, et lorsqu'on approche les contributeurs, personne n'est d'accord avec le plan mis en place. On va rester vigilants.» Sur les contreparties, l'association parle de mesures en faveur du pastoralisme et d'une politique d'accompagnement suffisamment significative.

Est-ce que ça va marcher ?

Reste à savoir si ce renforcement fonctionnera. «C'est toujours hasardeux, juge Jean-Christophe Poupet. Les aléas sanitaires, le stress du voyage, la réaclimatation de l'ours à son nouvel environnement… Tout ça joue beaucoup.» Ce qu'on sait, c'est que l'espèce a besoin de vastes surfaces pour pouvoir s'épanouir. «L'exploitation forestière, les stations de ski, les infrastructures humaines, nuisent à sa survie», rappelle-t-il. La chasse peut être aussi problématique. Des alertes sont données par les préfectures de façon à ce que les lieux où vagabondent les ours soient évités par les chasseurs. Encore faut-il que la consigne soit respectée. Enfin, la cohabitation avec l'élevage, selon lui, «n'est pas l'enjeu majeur, à la différence du loup». «L'ours est omnivore et son alimentation est composée pour l'essentiel de végétal, de miel et de façon plus limitée, de viande.»