Menu
Libération
Thermomètre

Maux et remèdes : les maires diagnostiquent leur cœur urbain

A l'invitation de l'association Centre-ville en mouvement, 221 maires de cités de plus de 10 000 habitants ont rempli un «carnet de santé» de leurs quartiers centraux. Comment ça va ? Moyen.
Dans le centre-ville de Montélimar. Avec 21,5 % de boutiques sans locataire, la ville figure à la quatrième place des villes les plus touchées par la vacance commerciale. (Photos David Richard. Transit)
publié le 28 mars 2018 à 20h37

C'est une curieuse enquête. Pour savoir comment les maires de communes petites et moyennes jugent l'état du centre de leur cité, l'association Centre-ville en mouvement leur a adressé il y a deux semaines un «carnet de santé», petit livret du format de celui des enfants contenant une vingtaine de questions. Ce mercredi, Patrick Vignal, député LREM de l'Hérault et président de l'association, présentait les résultats du dépouillement des carnets. «Pour la première fois, a-t-il dit, nous avons un gouvernement qui commence à être courageux.» Comprendre que le ministre de la Cohésion territoriale, Jacques Mézard, commence à accepter l'idée qu'il faille bloquer certaines extensions des grandes surfaces de périphérie.

Constat morose

En lisant les réponses des élus aux questions du carnet, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont lucides. En quinze jours, sont arrivées 221 réponses venant de villes de plus de 10 000 habitants et 1 152 de communes en comportant moins de 10 000. Certaines questions étaient délicates. Quand on demande aux maires si le centre de leur ville est «animé», un tiers assument de répondre qu'il l'est «peu». De la même manière, 80% des répondants reconnaissent que «de plus en plus de professions de santé quittent le centre».

Dans le constat morose, leurs réponses confirment que quand les logements se vident, les magasins aussi car les clients disparaissent. En France, le taux moyen de vacance des commerces est de 12%. Un quart de ceux qui ont répondu au «carnet de santé» déclarent qu'ils décomptent plus 14% de boutiques vides. Sachant que le phénomène s'est accéléré ces dernières années, les chiffres peuvent être beaucoup plus importants au cas par cas. De la même manière, il est assez alarmant que près de la moitié des élus interrogés admettent que leur centre-ville comporte 10 à 20% de logements vides.

Services publics

Que faire alors ? Les deux tiers des maires ont piétonnisé leurs rues, au moins en partie et pourtant, 43% estiment que cela ne renforce pas l’attractivité du cœur de ville. Ils ne sont pas d’accord non plus sur l’idée d’utiliser l’arme fiscale pour corriger le tir : égalité entre ceux qui sont pour la création de taxes et ceux qui sont contre.

En revanche, l’unanimité se fait autour de l’idée de conserver les services publics dans le centre-ville. Et ils sont également huit sur dix à approuver un moratoire d’un an sur les extensions commerciales de périphérie.