Depuis une semaine, étudiants et lycéens occupent en pointillés le palais universitaire de Strasbourg. Ici, pas de blocage, pas de syndicats à la tête du mouvement. On débat, on détricote les projets de loi, on révise, on organise des AG, ce qui donne à l'ensemble des airs de Nuit debout. Tout allait à peu près bien jusqu'à ce que six étudiants et lycéens soient agressés, mercredi, dans l'enceinte de l'université par une vingtaine d'identitaires venus coller des affiches. «On va te défoncer ta sale race de gauchiste, on est du Bastion social», entendent les étudiants vers 22 h 30. Alexia [le prénom a été changé, ndlr], 18 ans, a été frappée au visage et a reçu un coup dans les côtes. Plusieurs étudiants ont été roués de coups de pied avant de parvenir à s'échapper.
C'est le quatrième acte de violence de ce type depuis l'ouverture, en décembre, de l'Arcadia, bar affilié au Bastion social, nouveau mouvement nationaliste fondé par des anciens du GUD (Groupe union défense) depuis Lyon, également implanté à Aix, Chambéry et Lille. «Ce qui s'est passé récemment dans les universités de Montpellier, Lille, et au lycée autogéré de Paris [des heurts avec des militants d'extrême droite], les a réveillés. Il y a un jeu de surenchère entre les fachos des différentes villes», explique un étudiant. De son côté, le président de l'université de Strasbourg a «condamné ces violences» et «exprimé [sa] solidarité avec les étudiants et lycéens qui [les] ont subies».