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Libération

Deux prétendants pour le volailler breton Doux

publié le 29 mars 2018 à 20h36

Rien ne va plus dans la volaille bretonne. Un des anciens fleurons du secteur, Tilly-Sabco, basé à Guerlesquin (Finistère), est au bord du gouffre. Quant au groupe Doux à Châteaulin (également dans le Finistère), après une première crise en 2012 et la perte d’un millier d’emplois, il voit de nouveau son sort suspendu aux projets de repreneurs dont la validité reste à confirmer.

Dévoilée jeudi, l'offre du groupe LDC (associé pour l'occasion au saoudien Al-Munajem, déjà actionnaire et principal client de Doux, aux Volailles de Plouray et à Terrena, devenu en 2016 l'actionnaire majoritaire) apparaît la plus séduisante. Selon Terrena, ces «offres concertées» permettraient de conserver 920 emplois sur les 1 187actuels.

LDC (poulets de Loué, le Gaulois) s’engage à investir 60 millions d’euros dans le projet de reprise, dont 55pour la construction d’un nouveau site industriel d’abattage et de découpe de volailles dédiées aux marchés industriels et de la restauration, à Châteaulin.

Le site actuel serait, lui, loué à Al-Munajem pour la «gestion» de la production de poulets surgelés destinés à l’export, tandis que le site de production de produits élaborés de Quimper serait repris avec ses 168 salariés et un investissement de 5 millions d’euros.

«C'est un soulagement, on évite la catastrophe sociale, notre savoir-faire est reconnu dans le poulet export et on va sauver le site de Châteaulin, a réagi la déléguée FO Nadine Hourmant. Mais il faut étudier l'offre site par site et se préparer à de difficiles négociations avec Al-Munajem, dont on nous a annoncé qu'il allait revoir les accords sociaux d'entreprise.»

Pour les délégués du personnel, il n'y a pas photo en tout cas entre l'offre du consortium mené par LDC et la seconde qui émane du géant ukrainien de la volaille MHP. Et pour cause. Le groupe s'est certes dit prêt à investir 76 millions d'euros pour «assurer la pérennité de l'entreprise» et prévoirait «le développement de l'activité produits frais» avec la construction d'une «nouvelle usine à la pointe de la technologie» à Châteaulin. Mais le bilan social de cette offre apparaît bien maigre. Seuls 285 postes seraient conservés dans l'immédiat, 430 autres étant prévus au démarrage de la nouvelle unité de production, d'ici deux ans.

De plus, si MHP assure que l'activité export de poulets congelés serait «repensée pour assurer sa compétitivité sur le marché global et sa pérennité en maintenant la valeur en France», depuis que les salariés ont connaissance de l'intérêt des Ukrainiens pour leur entreprise, ils n'ont qu'une seule crainte : la délocalisation en Ukraine.

Reste que le site de Plouray (Morbihan) serait conservé ainsi que celui de Quimper. Une chose est sûre, dans tous les cas de figure, l’abattoir de Chantonnay et le couvoir de L’Oie, en Vendée, seront fermés. Ces offres doivent désormais être présentées au tribunal de commerce de Rennes où une audience est prévue le 3 avril pour examiner, à la demande du groupe Doux, son placement en liquidation judiciaire.