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Olivier Faure officiellement élu à la tête d'un PS à «reconstruire»

Le député de Seine-et-Marne, qui se dit «vraiment à gauche et vraiment réaliste», est devenu le treizième premier secrétaire d'un parti que d'aucuns donnent pour mort. Le nouveau chef, lui, veut croire que tout est encore possible.
Olivier Faure, nouveau premier secrétaire du PS, vendredi à Solférino. (Photo Denis Allard. Réa pour Libération)
publié le 30 mars 2018 à 15h22

Il pose son sac, retire sa petite doudoune sans manches. Olivier Faure, fraîchement élu premier secrétaire du Parti socialiste, se prépare pour la photo sur les marches des escaliers de Solférino. Une tradition. Il a l'air content. Le nouveau chef fait des blagues, notamment sur son intention d'adopter un chat pour que le parti retombe sur ses pattes : «Au départ, j'ai dit ça pour rire. Depuis j'ai reçu un tas de propositions…» Rachid Temal, celui qui tenait la boutique par intérim, annonce les scores, sans surprise : Olivier Faure rafle près de 70 fédérations sur les 103. Une grande majorité s'offre au député de Seine-et-Marne qui lâche, par la même occasion, son poste de chef des députés socialistes à l'Assemblée nationale, afin de ne pas multiplier les barrettes sur son costume.

«Renaissance»

Le nouveau chef est lyrique. Des formules, des mots. Il se dit «vraiment à gauche et vraiment réaliste», il parle d'«utopie concrète». Selon lui, la mort du parti n'est pas encore au rendez-vous. Il fait référence aux articles de presse qui annoncent la fin proche et tragique du PS face à la concurrence à gauche. Il n'y croit pas. Lorsque Olivier Faure se projette dans l'avenir, le mot «renaissance» revient en boucle. Il use des formules : «On doit débuter la renaissance par le fond, définir ce que nous sommes, pour ne pas toucher le fond». Puis l'homme de la synthèse fait le lien avec le passé de son parti, il multiplie les références (Michel Rocard, Henri Emmanuelli, François Mitterrand) et parle du monde qui change, de modernité, «nous devons répondre à toutes les questions».

Depuis son départ en campagne, Olivier Faure explique à l'envi qu'il n'a rien promis à personne afin de rompre avec l'ancien monde. Aucune négociation de couloirs. Aucun poste donné à l'avance, «une époque révolue». Bon, il a juste promis à Martine Aubry de prendre soin de ses pupilles, Jean-Marc Germain, François Lamy et Stéphane Troussel. Face à la presse, il annonce qu'il fera des malheureux parmi ses soutiens avec une équipe «resserrée et paritaire». Et qu'il ouvre la porte à ses concurrents d'hier, Stéphane Le Foll, Luc Carvounas et Emmanuel Maurel. Il a déjà une partie de son équipe en tête. Les discussions continuent.

«Vrai faux jeune»

Le premier secrétaire annonce des nouvelles têtes, des nouveaux visages pour s'imposer dans le paysage et regagner des «militants et des électeurs». La semaine passée, dans la rue pour soutenir les cheminots, il s'est rendu compte que le chemin est encore long. La foule n'a pas été tendre et la délégation du PS a dû raccourcir sa marche et plier bagage. «Ils devront s'habituer à nous voir», glisse Faure qui se place dans l'opposition à Macron, qui «réforme mal». Mais le nouveau chef ne vise pas encore la lune. Il se la joue modeste après les 6% de la dernière présidentielle. Il parle rarement des élections à venir et encore et encore de «reconstruction».

Le «vrai faux jeune», c'est lui qui le dit, met en avant son parcours, pour faire croire que tout est encore possible : le gars d'un petit quartier dans le Loiret qui a grandi lentement en politique auprès de Martine Aubry, François Hollande et Jean-Marc Ayrault, avant de prendre la tête d'un parti. Il ne l'avait jamais imaginé. Se frotte les yeux pour y croire. Lorsqu'un collègue blagueur le ramène à la réalité et revient sur l'histoire du chat pour lui demander s'il «peut être noir», Olivier Faure répond qu'il n'est pas superstitieux. Heureusement pour le treizième Premier secrétaire socialiste de l'histoire.