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Libération

IVG : Simone Veil a bon dos

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publié le 3 avril 2018 à 20h06

Retour vers le futur au Palais du Luxembourg : mardi, alors que les sénateurs débattaient d’une proposition d’élus communistes visant à inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution, ont ressurgi de vieilles rengaines conservatrices sur ce sujet. Et, une fois de plus, le célèbre discours de Simone Veil en faveur de la légalisation de l’avortement a été brandi par la droite. Quitte à citer hors contexte l’ancienne ministre de la Santé à qui l’on doit la loi du 17 janvier 1975.

Ainsi, Nicole Duranton, sénatrice LR de l'Eure, a-t-elle commencé son allocution en citant ces mots de Veil : «Je le dis avec toute ma conviction, l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue.» Sans préciser que ce discours avait alors pour objectif de trouver l'équilibre nécessaire pour faire adopter le texte par le Parlement, à une époque où les avortements illégaux causaient des ravages sanitaires.

Pour Duranton, il s'agirait donc de «préserver l'héritage de Simone Veil» en ne touchant plus à son texte, et en n'encourageant ni ne banalisant l'avortement, qui ne doit «en aucun cas devenir un moyen de contraception». Alors en faire un droit fondamental, comme le souhaitent les initiateurs de cette proposition de loi (PPL), serait «une déviance» à ses yeux : «Nous vivons dans une étrange société qui trouve des preuves de vie sur Mars et non dans l'embryon humain», a-t-elle osé.

Déplorant la «vague conservatrice qui touche tous les pays», la sénatrice PCF Laurence Cohen a, elle, défendu cette constitutionalisation de l'IVG en rappelant qu'il y a des «raisons objectives d'être inquiets» pour l'accès à l'avortement en France. A la tribune, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a rejeté la PPL, jugeant qu'il faut «éviter à tout prix l'inflation législative» mais insistant sur la «nécessité, aujourd'hui plus que jamais, de continuer notre combat».