EDF fait-il son beurre sur le dos des consommateurs français en faisant monter artificiellement les prix de l’électricité, grâce à son quasi-monopole sur les moyens de production nucléaire ? C’est le soupçon de l’UFC-Que choisir, qui jette ce pavé dans la mare en plein débat public sur la programmation pluriannuelle de l’électricité après avoir mené une étude méthodique en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Publiée jeudi, cette enquête a consisté à comparer la production des centrales nucléaires avec celle des prix de marché de gros du MWh entre janvier 2012 et février 2017. Verdict de l'association : EDF a une fâcheuse tendance à «sous-utiliser» les capacités de production de ses 58 réacteurs lorsque les prix de gros de l'électricité, qui déterminent le tarif final du KWh payé par l'usager, sont trop bas à son goût.
En baissant délibérément la puissance de ses réacteurs, le géant du nucléaire ferait ainsi appel à des moyens de production plus coûteux que l'atome - centrales à gaz, fuel et charbon, importations d'électricité… - pour faire remonter artificiellement les prix de gros à des niveaux plus élevés, supérieurs à 30 euros par MWh, et faire payer «un surcoût faramineux» à ses clients. Ce qu'EDF évidemment conteste. Selon l'UFC, cela lui aurait permis d'engranger «un gain supplémentaire net d'environ 3,2 milliards d'euros sur l'ensemble des abonnés (industrie, tertiaire et ménages)» entre 2012 et 2017. Le surcoût pour tous les consommateurs particuliers atteindrait 2,4 milliards d'euros du seul fait d'une sous-utilisation volontaire des centrales. Dans le détail, 28 millions de clients auraient supporté, à eux seuls, 2 milliards d'augmentation, soit un surcoût moyen de 71 euros chacun sur la période.