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Libération
Anticipation

Pour que la vieillesse ne soit pas un naufrage

Le 20e Salon des seniors ouvre ses portes ce jeudi à Paris. L'occasion de prévoir sa retraite, écouter la Garde républicaine, faire un scrabble, visiter une maison équipée, suivre des conférences sur le risque de chute… Bref, se préparer.
En 2011 au Salon des seniors, à Paris. (Photo Miguel Medina. AFP)
publié le 5 avril 2018 à 17h19

Oh ça va bien de ricaner sur le Salon des seniors, qui comme celui des vaches, de la gastronomie, du bien-être et de tout ce qu'on veut, se tient pour sa vingtième édition porte de Versailles à Paris, jusqu'à dimanche. Déjà, la première mauvaise nouvelle c'est que tu es senior, et donc tu as le droit d'y aller ta tête chenue bien haute, à partir de 50 ans. Oui 50, ça paraît pourtant bien jeune quand on y est, mais la vie va vite, ma bonne dame, et bientôt il va falloir penser retraite, dépendance, santé. Le tout avec des exposants comme Optic 2000 (sans Johnny) et Audika, genre, et en partenariat avec le magazine Notre temps. On veut une bonne nouvelle quand même ? Selon le dossier de presse du salon, organisé par l'Institut français des seniors, qui veut aider les plus anciens à bien se préparer, «l'espérance de vie à la retraite est aujourd'hui de vingt-deux ans pour les hommes et de vingt-sept ans pour les femmes : c'est le temps d'une troisième mi-temps de la vie». Youpi. Ce sera l'occasion de se faire de nouveaux copains parmi les 50 000 visiteurs attendus pour le salon, disséminés dans les stands de 220 exposants, aux 70 conférences et 60 animations et ateliers, tout est fait pour divertir et intéresser nos silver amis, oui enfin bon, nous quoi.

Silver économie

Question principale posée par le Salon, «quoi de neuf pour les seniors» ? Pour le savoir, à nous les dix villages thématiques, autour du patrimoine, des technologies, de la santé aussi, le logement (en Ehpad ou à la maison un peu customisée), les loisirs aussi et les voyages (ce qui fait partie de la «silver économie»), et aussi cette intéressante idée de travailler après sa retraite.

L'année dernière, une étude réalisée par les organisateurs à l'occasion du 19e salon avait montré que les «seniors» (mon dieu je déteste ce mot) souhaitaient un recul de l'âge de la retraite à 63,5 ans, (l'âge moyen étant de 61 ans et dix mois selon le ministère des solidarités et de la santé) soit 2,5 ans de plus qu'en 2014. Selon l'étude, «les CSP+ se verraient même rester en activité jusqu'à 65 ans. C'est pour eux que la "petite mort" sociale est la plus sensible». Faire ce qu'on aime, la liberté, les projets nouveaux sont également cités au rayon des préoccupations des quinquas et plus, avec la trouille en 2014 de manquer d'argent, en  2017 de ne pas être en bonne santé. Du coup, le salon a prévu un parcours prévention santé avec des dépistages et des spécialistes médicaux… 88% des retraités sondés étaient heureux de l'être (à la retraite, pas sondés). Que des bonnes nouvelles quoi, une vision limite angéliste de la retraite heureuse et friquée, qui coince un peu avec ceux qui sont dans la rue avec des retraites d'environ 1 000 euros (une moyenne, les disparités étant évidemment énormes). Mais on va pas se gâcher la perspective d'une vie heureuse après le travail, des voyages, des petits enfants à chérir avec plein de cadeaux, des loisirs de ouf etc.

Silver cubi

Sur la réalité, on en reparlera, mais le Salon tient bon la barre avec ses conseillers en finance retraite, des spécialistes en sécurité de la gendarmerie et de la police pour se prémunir contre les vols, escroqueries en tout genre etc. Du concret, avec aussi des tas d'innovations technologiques, plateforme de services divers ou de psychologues en ligne, étudiant à domicile pour se familiariser avec les internets, assistance médicale en ligne, bracelet alertant en cas de malaise ou d'errance alzheimerienne, etc. On pourra visiter avec bonheur un appartement témoin tout équipé, qui, explique le dossier de presse vraiment très convaincant, «animé par des ergothérapeutes qui présentent dans chaque pièce de façon claire les mesures simples et économiques pour éviter les chutes [9 300 décès par an, première cause de mortalité des plus de 65 ans] et vivre confortablement grâce à du mobilier innovant». Oui, c'est le moment de sortir le silver cubi.

Mais attention hein on sait aussi bien rigoler : au rayon animations et fiesta cravate sur la tête, on a concours mannequins seniors (très tendance) et défilés de têtes grises, danse country, scrabble géant et dictée, musique, avec les concerts de la Garde républicaine s'il te plaît, cours de cuisine, testing de la combi de simulation du vieillissement de l'hôpital Broca, pour bien bien comprendre comment tu auras du mal à marcher, à te mouvoir, à faire les gestes de la vie quotidienne. Le tout souligné par des conférences du genre «la chute même pas peur», sinon qu'il peut t'en coûter une clavicule, un fémur ou pire. Bref, un tour assez complet de ton avenir proche…