L'enquête sur l'attentat qui a visé en juin 2016 à Magnanville (Yvelines) un couple de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur – le policier Jean-Baptiste Salvaing et l'agent administratif Jessica Schneider – est-elle en train de connaître un rebondissement ? Ce lundi, Marilyne B., policière et ancienne responsable départementale du syndicat Alliance, ainsi que cinq personnes de son entourage, dont sa fille, ont été interpellées dans les Yvelines et placée en garde à vue selon les informations de l'Express. «Les investigations visent à préciser le rôle qu'ils ont pu jouer dans la commission des faits», précise une source judiciaire à Libération. Selon nos informations, les policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) s'intéressent particulièrement à la préparation de l'attentat et au choix de la cible de Larossi Abballa.
La policière Marilyne B. avait déjà été visée par une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) en 2016 selon l'Express. «Les policiers avaient découvert qu'elle avait hébergé à son domicile une jeune femme fichée S pour radicalisation, présentée comme une proche de sa fille», selon l'hebdomadaire. Tandis que l'AFP présente de son côté la fille de la policière comme elle-même «radicalisée».
Complicité ou imprudence
Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint dans la ville des Mureaux (Yvelines) et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif dans un commissariat voisin, avaient été assassinées de plusieurs coups de couteau à leur domicile le 13 juin 2016. Leur fils de 3 ans était également présent mais n’avait pas été tué. Larossi Abballa avait revendiqué en direct ces assassinats sur les réseaux sociaux au nom de l’Etat islamique. Cet événement a profondément bouleversé les forces de l’ordre et a, par exemple, conduit à renforcer l’anonymisation des policiers dans les procédures judiciaires.
Pourquoi le terroriste a-t-il visé ces deux fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ? A-t-il bénéficié d'une complicité ou d'une imprudence pour obtenir des informations sur l'adresse et la profession du couple ? La Sdat espère avancer sur ces questions avec ces nouvelles interpellations. Les investigations avaient déjà connu une progression en décembre, avec la mise en examen de Mohamed Aberouz, 24 ans, pour «complicité d'assassinats terroristes». Il avait été placé en détention provisoire après la découverte de son ADN dans la maison du couple.