Ils sont nés dans le même nid politique. Au début des années 90, Olivier Faure et Benoît Hamon s'engagent dans le sillage de Michel Rocard, le père de la «deuxième gauche». Manuel Valls est déjà dans la place, pilotant les clubs Forums qui regroupent la jeunesse rocardienne. Le premier fait d'armes du duo Hamon-Faure consiste à obtenir l'indépendance du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), en 1994. Epaulé par Christophe Clergeau, Olivier Faure a un plan : propulser leur pote Hamon au poste de secrétaire général pour qu'il noyaute le mouvement. «Il faisait la passerelle avec les non-rocardiens, créer des liens entre les motions, il savait très bien faire», raconte Clergeau, ancien coloc devenu membre de l'équipe du premier secrétaire.
En 1997, la gauche plurielle de Lionel Jospin arrive aux manettes. La doublette se retrouve au cabinet de Martine Aubry, ministre du Travail. De nouveau siamois. Mais au fil des années 2000, les liens politiques se délitent sérieusement. Après le 21 avril 2002, Hamon fonde le Nouveau Parti socialiste (NPS) avec Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, avant de faire campagne pour le «non» à la Constitution européenne et de fusionner avec le courant d’Henri Emmanuelli. Passé par le cabinet Hollande à Solférino, Faure devient secrétaire général du groupe PS à l’Assemblée, sous les ordres de Jean-Marc Ayrault. En position centrale face à un Hamon devenu le héraut de l’aile gauche.
En 2008, Martine Aubry, première secrétaire, nomme Hamon porte-parole du PS, lui offrant une visibilité médiatique à mille lieux de la discrétion affable de Faure. Pour un éléphant retiré des affaires, «Olivier est plus prudent, Benoît plus stratège». En 2017, le néocandidat à l'Elysée propose à son ancien ami de devenir son directeur de campagne. Faure refuse pour raisons familiales, mais promet de soutenir Hamon «même s'il tombe à 10 %» dans les sondages. Ce qu'il fera même avec un 6,36 %.