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Libération
Reportage

NDDL Macron pas en cour chez les zadistes

Une audience avait lieu jeudi au palais de justice de Nantes après le dépôt d’une plainte par un zadiste contre l’évacuation du site, à l’origine de nouvelles violences.
publié le 12 avril 2018 à 20h46

Le cessez-le-feu a été de courte durée, jeudi, sur la «zone à défendre» de Notre-Dame-des-Landes. Le calme était revenu le matin, après une troisième journée d'expulsions marquée par «plus de 80 blessés» dans les rangs des zadistes et de leurs soutiens. Les gendarmes, eux, dénombraient «32 blessés» depuis le début de l'opération.

Jeudi matin, la ligne de front s'était en fait déportée dans l'enceinte du palais de justice de Nantes, où un habitant des «100 Noms» - l'un des premiers «lieux de vie» détruits lundi par les bulldozers - contestait la légalité de sa procédure d'expulsion : lui et ses «cohabitants» n'ont jamais pu se procurer la décision de justice sur laquelle se fondait leur évacuation. Et n'ont donc jamais pu la contester devant un tribunal. S'il obtenait gain de cause ce vendredi, le requérant pourrait alors demander des dédommagements à l'Etat pour cette «atteinte grave» à ses libertés fondamentales. Surtout, une telle «voie de fait» serait «une véritable difficulté pour la préfecture» dans la poursuite de ses expulsions, estime Me Pierre Huriet, l'un de ses deux avocats.

Grenades. En attendant, la trêve avait une autre cause, pour les zadistes. «Ça a été très calme jusqu'à l'interview de Macron chez Pernaut… Quinze minutes plus tard, ça avait repris de plus belle», sourit Maquis, 70 ans. Ce Slovaque, qui habite sur la zone depuis onze ans, ne passe pas inaperçu : à proximité de la ligne de front des «Fosses noires» - théâtre d'affrontements mercredi -, il expose une pyramide de «18 000» capsules de grenades assourdissantes et bombes lacrymogènes tombées sur la ZAD ces derniers jours - soit «350 000 euros» d'argent public, calcule-t-il.

Au 13 heures de TF1, le Président avait semblé avoir sifflé la fin des opérations, en déclarant que «tout ce qui était évacuable a été évacué». Sous entendu, il n'y aura pas d'autres expulsions. Pourquoi donc poursuivre les hostilités alors ? «Je ne sais pas comment on peut lui faire confiance, après ce qu'il a fait aux "100 Noms", coupe d'emblée Lise, 28 ans, masque de ski sur le front. Ce type, c'est un fourbe… Même Hollande le dit dans son bouquin !» «Tant que les flics ne se seront pas cassés, on leur mettra la misère», prévient Justin, 31 ans, bouclier artisanal en main. De l'autre, il tient une raquette de tennis, pour pouvoir renvoyer au plus vite les bombes lacrymogènes à leurs expéditeurs…

«Brassard». Mais la reprise des hostilités, ce jeudi après-midi, semble aussi correspondre à une embuscade dans laquelle seraient tombés des gendarmes vers 14 heures. Selon Presse Océan, un militaire a été visé par un «jet d'acide au niveau des jambes», un autre par «l'explosion d'une bombe agricole au niveau des jambes», un troisième par un «jet de pavé sur le casque». Au total, dix d'entre eux ont été blessés.

De son côté, la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels a dénoncé dans un communiqué le port d'un «brassard identifié "presse" par plusieurs membres des forces de l'ordre».La tension ne va certainement pas retomber d'ici à ce week-end : de nombreux soutiens aux zadistes affluaient jeudi, par les chemins de terre de la ZAD. Un appel à manifester dans le centre de Nantes a en effet été lancé pour samedi et tous les opposants à l'ex-projet d'aéroport sont appelés à «converger» dimanche sur la zone.

Macron : «tout ce qui était évacuable a été évacué»

«Les gens qui, aujourd’hui, manifestent […] sont des gens qui occupent illégalement des territoires publics ou privés. Ils n’ont plus de raison de le faire, il n’y aura pas d’aéroport. Donc, depuis le début de la semaine, […] on rétablit l’ordre républicain. L’opération est arrivée à un point où tout ce qui était évacuable a été évacué.»