L’union de la gauche : une grande troupe de théâtre qui fait son retour à chaque mouvement social. Après la saison «ordonnances», on assiste à celle des cheminots. Benoît Hamon fait alliance avec Olivier Besancenot et Pierre Laurent. Ils organisent des actions communes. Jean-Luc Mélenchon, lui, regarde la nouvelle alliance d’un peu plus loin, persuadé qu’elle n’ira pas très loin. Mais pour être sûr de ne pas perdre la main, il envoie quelques proches roder autour de la petite bande qui s’agite. Parmi eux, le député insoumis François Ruffin.
Le 4 avril, lors d’une AG publique place de la Bourse, l’élu de la Somme a étalé ses ambitions : un grand rassemblement national, le 5 mai, afin de s’opposer à la politique du gouvernement. François Ruffin lui a même trouvé un petit nom : «La fête à Macron». Il espérait rassembler toutes les forces politiques et syndicales dans l’opposition… Pas simple.
Mercredi, le chef de la CGT, Philippe Martinez, s'exprime dans le Monde. La question de sa présence le 5 mai lui est posée. Il répond : «Non. L'idée de favoriser la participation d'autres salariés ou travailleurs qui, pour des raisons diverses, ne peuvent pas faire grève est intéressante. Mais si je regarde bien le calendrier, quatre jours avant le 5 mai, il y a le 1er mai. C'est un jour férié qui devrait être un grand rendez-vous de convergence des luttes. Multiplier les dates génère de la division et n'est pas efficace.»
Lorsqu’on interroge les forces politiques, les avis divergent. La France insoumise sera dans le cortège sans hésitation. Le mouvement de Benoît Hamon y sera, Olivier Besancenot aussi. Mais ils refusent d’en faire le moment clé de la lutte.
Le chef des Verts, David Cormand, explique : «On n'a pas encore discuté de notre présence et ce n'est pas sûr qu'on le fasse. En fait, chacun sera libre de s'y rendre, mais ce n'est pas ce jour-là que tout va se jouer. Gueuler, faire la fête à Macron, c'est cool mais on doit aussi faire des propositions.» Et du côté du Parti communiste, comme toujours, impossible d'avoir une réponse par «oui» ou par «non». Après avoir tenté de joindre le chef du PCF, Pierre Laurent, on a réussi à avoir le porte-parole. Ça donne : «D'abord, il y a la manifestation du 19 avril et celle du 1er mai, il ne faut rien enjamber. Ce que nous disons à Ruffin, c'est qu'il ne faut pas mettre les syndicats en difficulté et dialoguer avec tout le monde. On aimerait connaître l'objectif de ce rassemblement, comment il s'organise et avec qui. Nous avons de très bons rapports avec Ruffin, j'espère que nous pourrons très vite en discuter pour prendre notre décision.»