Menu
Libération
Histoire

A Notre-Dame-des-Landes, un week-end révélateur

Manifestation à Nantes samedi, rassemblement dimanche dans la ZAD : le niveau de mobilisation sera crucial pour l’avenir du mouvement.
Dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, vendredi. (Photo Sébastien Salom Gomis. SIPA)
publié le 13 avril 2018 à 20h26

La tension est encore montée d'un cran, ce vendredi, sur la «zone à défendre» de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Alors que les expulsions ont pris fin «pour l'instant», a annoncé la préfète, un dispositif «très important» de forces de l'ordre a été déployé dès 6 h 30 autour de plusieurs «lieux de vie» de la ZAD pour procéder à des perquisitions et interpellations, rapportent les zadistes. La cause ? Une fusée antigrêle a visé l'hélicoptère de la gendarmerie. «Au moins trois personnes» ont été arrêtées, selon eux. Ce regain de tension fait craindre le pire pour la manifestation prévue samedi à Nantes : ces dernières années, son centre-ville a déjà été le théâtre de nombreux débordements dans des circonstances similaires. Un dispositif policier «conséquent» a été prévu pour sécuriser les commerces et les équipements urbains, a annoncé vendredi la préfète de Loire-Atlantique.

Démolition. Nicole Klein n'a en revanche pas interdit le rassemblement prévu dimanche, sur la ZAD, mais souhaite qu'il «se passe dans un endroit où il n'y a pas de gravats, où il n'y a pas eu de démolitions». Elle s'en remet donc à «la sagesse» des organisateurs. La participation sera scrutée de près : en novembre 2012, lors d'une première «manifestation de réoccupation» des terres de la ZAD, 40 000 personnes s'étaient rassemblées selon l'Acipa, une des principales composantes du mouvement anti-aéroport.

Ce dernier a été ressoudé par la démolition controversée des «100 Noms», une «ferme en devenir» qui avait vocation à être régularisée, selon les zadistes. La juge des référés du tribunal de grande instance de Nantes a toutefois rejeté, vendredi, la requête déposée par l'un de ses habitants. La préfète de Loire-Atlantique, elle, n'en démord pas : la démolition des «100 Noms» n'était ni «une bavure», ni «une erreur d'appréciation». Elle maintient que ses occupants - ingénieurs agronomes ou forestiers, pour certains - n'ont déposé aucun «dossier de projet agricole individuel». En outre, leurs parcelles n'étaient «pas très loin» de la D281, la «route des chicanes», dont le contrôle a été érigé en «priorité» par l'Etat.

Les 29 «squats» démolis cette semaine sont aussi un «message politique» envoyé aux zadistes avant la «nouvelle phase» de «dialogue» qui s'ouvre, convient sans détours la préfète. En clair, si aucun terrain d'entente n'était trouvé, les autres «habitats précaires» pourraient être détruits. Les récalcitrants auront «une dizaine de jours» pour se décider, a précisé en fin d'après-midi le Premier ministre, Edouard Philippe, lors d'une visite surprise au QG des gendarmes, en compagnie du ministre de l'Intérieur. Une façon d'orienter la «discussion»…

«Injonctions». Pas sûr, toutefois, qu'il y ait grand monde autour de la table. «Les "assemblées des usages" […] prendront le temps de déterminer en temps et en heure quelles sont les réponses adéquates à donner aux injonctions actuelles de la préfecture, ont répondu vendredi les zadistes. Ce dont nous sommes certains, c'est qu'il ne sera pas possible de penser sereinement à la suite tant que la ZAD sera ciblée par ce type d'actions policières.»