Jeudi soir, les occupants de l’université de Paris-I-Tolbiac, bloquée depuis le 26 mars, ont bien cru que les forces de l’ordre, présentes en masse, étaient là pour définitivement évacuer les locaux. Le dispositif était en place - les CRS semblaient programmés pour investir les lieux incessamment. Dans la soirée, des premiers SMS d’étudiants mobilisés circulaient pour rameuter du monde - il s’agissait de faire le nombre pour s’opposer à une éventuelle intervention. Le SOS a été entendu : «Tolbiac la rouge» est devenue un point de convergence pour des dizaines et des dizaines de personnes pour éviter qu’elle ne devienne «Tolbiac la bleue».
Un peu avant minuit, la police s’est dispersée, alors qu’une fanfare jouait pour accompagner son départ - considéré sur place comme une victoire. Quelques heures avant, en milieu d’après-midi, une assemblée générale était prévue à la Sorbonne, à vingt minutes en métro du site de Tolbiac. Après vote, les étudiants présents par centaines avaient décidé d’occuper l’établissement. La présidence de la fac a vu les choses autrement, évoquant des discussions trop complexes pour déboucher sur une solution. En début de soirée, elle a demandé aux forces de l’ordre qui quadrillaient le périmètre de déloger les 191 personnes présentes. Chose faite, sans incident à déplorer. Ce haut lieu de la contestation de 68 a été fermé vendredi et samedi pour des raisons de sécurité.
Retour à Tolbiac. Vendredi, les étudiants rencontrés sur place avaient prévu de marcher avec les cheminots en grève. Et de continuer à discuter sur les meilleures façons de tenir bon. Selon le dernier décompte du ministère de l’Enseignement supérieur, quatre universités françaises étaient entièrement bloquées ou fermées vendredi : Jean-Jaurès à Toulouse, Paul-Valéry à Montpellier, Rennes-II et Paris-VIII. Onze autres sites sont perturbés ou bloqués. La situation fluctue de jour en jour.