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Libération

Bourdin, Plenel et Macron : un trio de casseurs de codes ?

publié le 16 avril 2018 à 20h56

Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin sont plutôt satisfaits de leur entretien avec le chef de l'Etat. Interrogés lundi matin dans le fauteuil habituellement réservé aux invités politiques de RMC, ils se sont félicités l'un et l'autre d'avoir «cassé les codes» avec leur prestation de la veille. «L'interview présidentielle en France est une interview monarchique. Notre objectif tout simple, c'était d'abord de casser ça», a affirmé le fondateur de Mediapart. Sur ce point, au moins, Plenel et Bourdin sont en plein accord avec Emmanuel Macron qui se fait fort, en toutes circonstances, de «casser les codes» du vieux monde.

En choisissant de se faire très longuement interroger (pendant 2 heures et 38 minutes) par deux journalistes réputés intraitables, le locataire de l'Elysée entendait démontrer qu'il ne craignait aucun contradicteur. «On a vu un président qui savait encaisser, qui savait castagner aussi quand c'était nécessaire. […] On était effectivement sur quelque chose de viril, de physique», s'est emballé Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement. Au cours de cet entretien ponctué d'interpellations particulièrement vives sur les injustices supposées de la politique gouvernementale, les deux se sont abstenus de donner du «monsieur le Président» à leur interlocuteur. Le nommer Emmanuel Macron, c'était dire «demain, vous n'êtes plus président, on est pareils, on est égaux en dignité et en droits», a expliqué Plenel.

A-t-on pour autant assisté dimanche soir à une révolution ? Lundi, Bourdin ne semblait pas loin de croire qu'il y aurait un avant et un après-Chaillot : «On ne pourra plus voir» ces «interviews où l'on prend ses distances et surtout où l'on ménage», s'est-il congratulé. La dimension historique de l'événement n'a pas sauté aux yeux de leurs confrères. Plusieurs journalistes ont constaté que l'exercice tenait moins de l'interview que du débat, et que Macron était plus traité en candidat qu'en chef de l'Etat. A l'Elysée, on se réjouit surtout de l'excellente audience (3,8 millions de téléspectateurs : sur BFM TV). Et on précise que la prochaine édition pour l'an 2 du quinquennat, confirmée en direct par Macron dimanche, ne se fera «pas nécessairement» avec les mêmes interlocuteurs.