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Libération

«A Rennes-II, on n’avait pas vu une telle mobilisation depuis le CPE»

publié le 17 avril 2018 à 20h46

Après des semaines de tergiversations et une mobilisation plutôt timide, Rennes-II est entrée de plain-pied dans le mouvement des facs : deux tiers des 4 000 à 5 000 étudiants qui se sont réunis lundi ont voté le blocage de l'établissement jusqu'au 30 avril. Après avoir fêté comme il se doit cette décision «historique», ils étaient moins nombreux sur place mardi pour poursuivre l'occupation du hall B. L'heure était davantage au grand ménage qu'aux joutes oratoires sur la sélection à l'université qu'ils contestent.

«On n'avait pas vu une telle mobilisation à Rennes-II depuis le CPE», se félicite Théo, élu de «l'Armée Dumbledore», un mouvement propre à Rennes-II. Dans le hall B recouvert du sol au plafond des tags les plus divers, allant de «Vive Lady Gaga» à «Cheminots, Etudiants, faisons dérailler le gouvernement», quelques dizaines d'étudiants vaquaient, un brin désœuvrés, à leurs occupations. Avec toutefois une force de conviction intacte pour dénoncer les nouvelles procédures prévues pour l'inscription à la fac. «Si Parcoursup avait été mis en place après mon bac, je n'aurais pas pu m'inscrire en Arts plastiques, estime Audrey (1), la casquette enfoncée sur des mèches brunes et bleues. Je n'avais jamais dessiné auparavant. Il y a d'ailleurs avec moi beaucoup de gens de grand talent qui ne sortaient pas d'écoles d'art. On ne peut pas demander à des gens de 20 ans de savoir ce qu'ils veulent faire plus tard.» Sur toutes les lèvres reviennent les mêmes préoccupations : «Le droit à l'erreur», «une fac ouverte à tous».

Pour l'heure, la question des examens, qui seraient décalés après le 30 avril, reste en suspens. Mais l'inquiétude taraude certains étudiants. «Ce blocage nous pénalise beaucoup, regrette Salomé, en 3e année de langues appliquées. Tout est décalé et je crois que ça ne sert à rien. Macron s'en fiche complètement.»