Une succession d’idées mi-absurdes, mi-poétiques. Le compte Twitter «Elon Musk s’ennuie» («Bored Elon Musk») a beau être parodique, il reflète l’hyperactivité du patron de Space X et Tesla, à qui la conquête de Mars et la généralisation de la voiture électrique semblent encore laisser du temps libre. Ces dernières années, le quadragénaire s’est ainsi lancé dans l’énergie solaire, le développement d’un train à lévitation hyper-rapide et le percement de tunnels à bas coûts. Comme toujours avec Elon Musk, les mêmes interrogations émergent. A-t-on affaire à un visionnaire techno doublé d’un entrepreneur de premier plan ? Ou l’homme se disperse-t-il dans des projets survendus ou irréalisables ?
Solar City
Cette entreprise de panneaux solaires photovoltaïques est créée en 2006 par les frères Lyndon et Peter Rive, également cousins d’Elon Musk. Ce dernier, quant à lui, est un des premiers investisseurs dans Solar City, qui devient au fil des années le premier installateur de panneaux solaires aux Etats-Unis. Fin 2016, la boîte est rachetée par Tesla pour 2,6 milliards de dollars. Critiqué pour cette coûteuse acquisition, Musk défend sa stratégie visant à mettre en place un écosystème vertueux (production d’énergie renouvelable et développement de la voiture électrique).
Hyperloop
L’idée semble sortie d’ouvrages de science-fiction écrits il y a plus d’un siècle. En 2013, Elon Musk présente ce projet de capsules de 20 à 40 passagers propulsées en lévitation dans des tubes d’acier à très basse pression, à une vitesse de 1 200 km/h. Objectif de l’Hyperloop : relier Los Angeles à San Francisco (600 kilomètres) en trente minutes. Pour Musk, il ne s’agit pas moins que de créer un «cinquième mode de transport» pour les voyages inférieurs à 1 500 kilomètres, plus rapide que le train, moins soumis aux aléas météorologiques que l’avion. Les premiers plans sont open source. Depuis, plusieurs start-up ont lancé leurs expérimentations et levé plusieurs centaines de millions d’euros pour des projets en Amérique du Nord, Asie et Europe. La route est encore longue. Le prototype le plus rapide n’a atteint que la vitesse de 387 km/h sur une piste d’essai de 500 mètres.
Boring Company
Jeu de mots entre boring («ennuyeux») et to bore («percer»), l'entreprise est née en 2016 alors qu'Elon Musk était coincé dans les bouchons de Los Angeles. «Ça me rend fou», tweete-t-il, imaginant alors percer des tunnels sous la mégalopole californienne et d'y faire circuler des véhicules à 200 km/h sur une plateforme automatisée. Ce «hobby», qui ne lui prendrait que «2 % à 3 %» de son temps, devient de plus en plus sérieux. L'entreprise est finaliste d'un appel d'offres pour créer une ligne à grande vitesse entre l'aéroport de Chicago et le centre-ville. Sur le fond, Musk a évolué. Privilégiant au départ des tunnels ouverts aux voitures, il favorise désormais les modes de transport collectifs. Et pour assurer la publicité et le financement de son nouveau rejeton, l'entrepreneur a récemment été jusqu'à commercialiser 20 000 lance-flammes de faible puissance, facturés 500 dollars l'unité. Bilan : rupture de stocks en quelques jours et 10 millions de dollars amassés.