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Libération

Loi asile et immigration : LR et le FN se lâchent

publié le 17 avril 2018 à 20h56

Alors que le projet de loi sur l'asile et l'immigration est discuté en séance à l'Assemblée toute la semaine, la droite a déjà sorti le canon contre «la naïveté désarmante», et «les pudeurs de violette», dixit Eric Ciotti, d'un gouvernement qu'elle juge petit bras en matière d'éloignements et de lutte contre l'immigration irrégulière. Pas question pour l'extrême droite de se laisser distancer : malgré l'absence de ses élus lors du débat en commission, début avril, Marine Le Pen y va de son couplet sur «la submersion territoriale», et «la maison France ouverte à tous les vents».

A la tribune lundi, Guillaume Larrivé (LR) a pourtant tenté de distinguer les positions de la droite et du FN, assurant que «la fermeture totale des frontières et l'immigration zéro n'étaient pas la position portée par LR». Mais il a surtout pilonné «l'idéologie de l'ouverture», et la «doxa immigrationniste», visant pêle-mêle les «apôtres du no border à l'extrême gauche», les socialistes et une partie de LREM. «Moralisme, immigrationnisme : pourquoi n'avez-vous pas cité le "nomadisme" lepéniste ?» a moqué Sacha Houlié (LREM).

La surenchère avait commencé dès lundi après-midi, avec la présentation par Marine Le Pen de ses 46 contre-propositions à «un projet de loi d'une rare indigence». Pas en reste, le parti de Laurent Wauquiez doit tenir mercredi une convention intitulée «Comment réduire l'immigration», pour que «la majorité silencieuse soit entendue».

De quoi, en comparaison, faire passer Gérard Collomb pour un modéré. Son texte est pourtant contesté pour sa logique répressive, qui risque d'entraver les droits des migrants, et critiqué par le Défenseur des droits et ancien ministre RPR, Jacques Toubon, qui dénonce «des procédures tellement accélérées qu'elles confinent à l'expéditif». Même une frange de LREM s'inquiète de ce serrage de boulons. Mais pour la droite et l'extrême droite, ce n'est jamais assez dur. Il est prévu de porter la durée maximale de la rétention de quarante-cinq à quatre-vingt dix jours ? LR veut l'allonger à cent quatre-vingts jours, faisant valoir qu'elle «est illimitée au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, et de dix-huit mois en Allemagne».

Les rares dispositions progressistes, débattues mardi soir, devaient être l'occasion pour la droite et le FN de se lâcher davantage. Un article prévoit que les mineurs réfugiés - déjà autorisés à faire venir leurs parents - pourront demander le regroupement familial pour leurs frères et sœurs. Ces mineurs réfugiés étaient 400 en 2016, mais LR y voit une «brèche ouverte» pour un afflux migratoire. Face à cette radicalité, la majorité compte se targuer de porter une voix «équilibrée». Ce qui agace à gauche : Eric Coquerel (LFI) a fustigé des LR, qui, «en faisant passer une loi extrême pour une loi modérée», jouent «les idiots utiles du macronisme».