Quelque 800 TGV et trains intercités par jour en période habituelle, moins de 100 durant les premiers jours de grève. L'organisation du trafic pour les grandes lignes, relève de l'exercice d'équilibriste en cette fin avril et en prévision du début du mois de mai. Des arrêts de travail sont programmés deux jours sur cinq jusqu'à fin juin et la période est plutôt à haute fréquentation, dans les rames, compte tenu des vacances scolaires et des ponts, de l'Ascension ou du 1er Mai.
Chaque fin de journée, Rachel Picard, la directrice générale de Voyages-SNCF (la branche qui regroupe les grandes lignes) sacrifie donc au rituel de la conférence téléphonique. «Nous faisons un point quotidien pour évaluer le nombre de grévistes.» C'est à partir des déclarations d'intention qui doivent être déposées 48 heures minimum avant un arrêt de travail, par les cheminots qui annoncent leur décision, que sont bâtis les «plans de transport». Ils prennent en compte non seulement le nombre de conducteurs en grève, mais aussi ceux des contrôleurs et des aiguilleurs, trois fonctions indispensables pour qu'un train circule. En amont, le taux de présence, dans les centres de maintenance, joue un rôle déterminant. Le faible nombre de trains intercités s'explique notamment par un suivi de la grève important dans certains ateliers.
Impossible de connaître le manque à gagner
Pour les prochains mouvements des 23 et 24 avril, Rachel Picard prévoit un TGV sur trois, voire un sur deux pour certaines lignes à haute fréquentation comme Paris-Lyon. Les «petits prix» qui avaient disparu durant les premières séquences de grève devraient faire leur réapparition en cette fin avril : 60 000 billets à moins de 45 euros devraient ainsi être proposés. Le service «junior et compagnie», qui permet à des enfants de voyager avec un accompagnateur, va également être réactivé. En revanche, il est impossible de connaître avec précision le manque à gagner de la SNCF constitué par les voyageurs qui ont choisi de ne pas se déplacer et par ceux qui se sont fait rembourser un billet déjà acheté. L’entreprise reste campée sur un chiffre générique. Chaque jour de grève lui coûterait 20 millions d’euros, sans que l’on sache quelle est la méthode, ni le périmètre de calcul.
La direction de Voyages-SNCF table sur un essoufflement progressif de la grève pour rehausser le nombre de trains en service. Son objectif est désormais de pouvoir ouvrir à la vente des trains quinze jours à l’avance et de garantir leur circulation, quelle que soit l’ampleur des arrêts de travail. Pour ce faire, le plan de transport est bâti à minima, quitte à rajouter des convois supplémentaires quelques jours avant leur circulation. Une visite régulière du site Oui-SNCF s’impose donc pour ceux qui ambitionnent de se déplacer en train dans les jours qui viennent.