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Mobilisation

«Libérez nos jambes»: un lycée du Var se mobilise pour la liberté vestimentaire

Des élèves de Brignoles ont protesté contre des restrictions vestimentaires qu'ils jugeaient «arbitraires». La décence des tenues au lycée a été ajoutée à l'ordre du jour d'une réunion prévue le 9 mai
Des élèves du lycée Raynouard de Brignoles (Var) se sont mobilisés le 19 avril 2018 pour contester les réprimandes vestimentaires jugées «arbitraires» (Twitter - Compte @Only_A_Bi_Girl)
publié le 20 avril 2018 à 20h02

«Mon corps, mon choix». Une centaine d'élèves du lycée Raynouard à Brignoles (Var) ont manifesté devant leur établissement jeudi 19 avril pour contester les réprimandes vestimentaires que se seraient multipliées depuis le début de l'hiver. Après quelques heures de mobilisation, la direction du lycée a accepté de placer la question de la tenue vestimentaire à l'ordre du jour d'une réunion prévue le 9 mai.

«Tu es indécente», se serait vu asséner une élève par un surveillant alors qu'elle arrivait au lycée vêtue d'un débardeur et d'un jean, une tenue qu'elle jugeait pourtant adaptée au milieu scolaire. «On devinait à peine son soutien-gorge par transparence», assure son amie Nina, élève de terminale contactée par Libération. Elle a vu dans ce commentaire une sorte de coup de grâce: elle étudie à Raynouard depuis trois ans et ces «interpellations vestimentaires» se sont mutlipliées cette année alors que le règlement est inchangé par rapport à l'année scolaire précédente. Au vu de cette accumulation, le conseil de vie lycéenne (CVL), élu par les élèves, s'est mobilisé.

On n'est pas pour «les shorts à ras les fesses»

La proviseure de Raynouard, Catherine Jean, arrivée à la rentrée 2017, a communiqué avec les élèves par le biais du CVL. Elle a assuré vouloir «éviter les incidents» de type harcèlement sexuel, explique Nina. Cette justification a surpris et agacé parmi les filles du lycée, mais également parmi des garçons. Certains ont d'ailleurs pris part à la mobilisation de jeudi. Malgré les hormones et le printemps, «il ne faut pas croire que les adolescents vont être excités par un bout de genou, soyons honnêtes», insiste Nina, par ailleurs membre de l'Union nationale lycéenne (UNL). Elle tient à le préciser: les élèves mobilisés ne voulaient pas faire la promotion «des shorts à ras les fesses». C'est plutôt un débat apaisé avec la direction qu'ils réclamaient en montant ce rassemblement, «qui n'était pas un blocage», souligne Lilia Parisot, directrice de la communication de l'Académie de Nice. Aussi, le CVL a décidé de monter la garde devant le lycée jusqu'à obtenir une «trace écrite» de la direction, obtenue jeudi en milieu de journée: l'administration a officiellement ajouté «la question des tenues voire une modification du règlement intérieur» à l'ordre du jour d'un comité du CVL prévu le 9 mai.

«Responsabiliser les élèves»

Le proviseur adjoint du lycée Raynouard, Christian Pieri, assure avoir à cœur de permettre le dialogue au sein de son lycée. «Nous devons responsabiliser les élèves, nous les formons à devenir de futurs citoyens qui ont vocation à s'insérer sur le marché du travail», note-t-il pour justifier l'encadrement des tenues. Et d'ajouter: «Une tenue de ville n'est parfois pas une tenue de travail adaptée à la situation». Il précise qu'«aucune sanction disciplinaire n'a été prononcée à l'encontre d'élèves dont la tenue a été jugée inadaptée». Le port d'une blouse pour couvrir la tenue jugée indécente est la seule punition risquée. Un peu frustrant, notamment si l'élève en question a passé une heure à parfaire sa tenue devant le miroir.