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TERRE D'ACTIONS

Racheter la forêt pour sauver sa biodiversité

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Dans le Morvan, un groupement forestier citoyen tente de lutter contre un enrésinement croissant des forêts pour tenter de sauver sa faune et sa flore.
«Il est important d’avoir des essences forestières différentes qu’elles soient autochtones ou non», juge Luc Bouvarel, directeur général des Forestiers privés de France. (Philippe Desmazes. AFP)
publié le 20 avril 2018 à 13h16
Retrouvez régulièrement dans la chronique «Terre d’actions» l’actualité des initiatives écolos en France et dans le monde.

Se cotiser pour acheter des bouts de forêt avec l'idée d'en préserver la biodiversité. Voilà ce qui a motivé Frédéric Beaucher, proviseur et gestionnaire bénévole à l'origine du groupement forestier citoyen du Chat sauvage dans le nord du parc régional du Morvan. «J'avais un sentiment d'impuissance, une souffrance même de voir tous les feuillus disparaître au profit de résineux, certes plus rentables, mais dont l'exploitation détruit les sols mais aussi les habitats naturels de la faune et la flore», explique-t-il à Libération. Dernière action en date ? Le sauvetage d'une parcelle où se réinstalle progressivement le sceau de Salomon verticillé, une plante devenue rare dans la région, et surtout la loutre.

170 personnes ont déjà investi dans le projet à hauteur de 200 euros (minimum) pour une surface totale d'une quarantaine d'hectares. L'idée ? Acheter des parcelles avant qu'elles ne soient coupées à blanc (entendez, une coupe rase n'épargnant aucun végétal) ou qu'elles ne tombent entre les mains de sociétés de placement pas vraiment porteuse d'un projet écolo. Doit-on y voir une démarche «anti-résineux» ? Frédéric Beaucher s'en défend. «Il ne s'agit pas d'éradiquer le Douglas [espèce de sapin la plus cultivée dans le Morvan et pour laquelle il y a une forte demande, ndlr] qui possède de nombreux atouts (résistant, pousse rapide…) mais bien de lutter contre le mode de production. On ne veut pas d'une monoculture intensive. On est là pour montrer qu'il existe une gestion économique alternative», argue-t-il.

Un paysage voué à évoluer

Car «il est important d'avoir des essences forestières différentes qu'elles soient autochtones ou non», juge Luc Bouvarel, directeur général des Forestiers privés de France (Fransylva), selon qui le paysage actuel, différent d'autrefois, est de toute façon voué à évoluer à cause du changement climatique.

Si Chat sauvage n'a pas pour objectif premier la rentabilité, le groupement vend bien du bois. Ici pas question de redistribution sous forme de dividendes, la somme perçue est réinvestie dans l'achat de nouveaux terrains. «A chaque fois qu'on essaiera de produire du bois, on le fera en s'étant au préalable posé la question "est-ce que d'un point de vue écologique on peut le faire et à quelles conditions"», rappelle dans l'une de ses vidéos Frédéric Beaucher. Des orientations étudiées pour chaque nouveau projet par un comité scientifique issu des sociétaires.

Si ce type d’initiatives n’est pas encore très développé en France, l’idée fait son chemin notamment dans la région forestière du Limousin. Dans la même veine, le Réseau pour les alternatives forestières (RAF) souhaite, lui, se doter à la fin de l’année d’un fonds au nom évocateur : Forêts en vie.

N’hésitez pas à nous faire parvenir vos idées d’initiatives écologiques à notre adresse terredactions@libe.fr.