Elle était arrivée au gouvernement forte de ses succès à la tête de la maison d'édition Actes Sud. Un an plus tard, Françoise Nyssen est-elle devenue le maillon faible de l'équipe Philippe ? Dans la majorité, on reconnaît désormais que la question se pose. «Vous l'avez écoutée sur France Inter ? questionne un parlementaire LREM, spécialiste des médias. Ce n'est pas possible de confier le texte sur l'audiovisuel à Françoise Nyssen.» L'hésitante prestation de la ministre dans la première matinale de France, le 7 mars, en a inquiété plus d'un en Macronie. Un député de la majorité, porté sur les questions culturelles, la juge incapable de «synthétiser et d'incarner la volonté politique derrière les choix du gouvernement». Elle n'est peut-être pas la seule dans un gouvernement de techniciens, pour beaucoup inconnus du grand public. Mais le problème prend une autre dimension dans un ministère d'une telle envergure, dont l'occupante avoue (dans le Journal du dimanche) qu'elle «préfère ne pas» intervenir dans des émissions politiques…
Du côté de l'exécutif, pas question de lâcher le soldat Nyssen : «Tous les membres du gouvernement ont évidemment la confiance du Premier ministre», assure-t-on à Matignon. A l'Elysée, on trouve d'éminentes qualités à ce profil «atypique» et «travailleur». Certes «pas au fait de tous les codes de la politique», la ministre insufflerait un «supplément d'âme» au gouvernement. Et «les dossiers avancent, c'est cela qui compte». Un message qu'ont aussi reçu les communicants des différents ministères lors de leur réunion bimensuelle à Matignon.
Mais au sommet de l'Etat, derrière cette défense convenue, on reconnaît en privé qu'il existe bien un problème Nyssen. Le remplacement du directeur de cabinet de la ministre, en janvier, est présenté comme une tentative de redresser la barre. Mais on précise que le problème en question ne serait pas de nature «politique» : pas d'urgence, autrement dit, à le régler par un remaniement ministériel.