Menu
Libération
A la barre

La justice belge condamne Salah Abdeslam à vingt ans de prison

L'unique survivant du commando du 13-Novembre était jugé pour «tentative d'assassinat terroriste» pour des faits survenus quelques jours avant son interpellation, en mars 2016.
Croquis d'audience de Salah Abdeslam, le 8 février au palais de justice de Bruxelles. (Photo Benoit Peyrucq. AFP)
publié le 23 avril 2018 à 16h20

Le procès promettait d’être un événement mondial. Le jugement, rendu ce lundi, n’a suscité que peu de commentaires. Salah Abdeslam, seul survivant des attentats du 13-Novembre, et son complice Sofien Ayari, ont été condamnés à vingt ans de prison en Belgique pour «tentative d’assassinat terroriste». Les faits sont survenus durant sa cavale, le 15 mars 2016, quelques jours à peine avant son interpellation dans la cave de la mère de son cousin, Abid Aberkan.

En février, au moment de l'audience, Salah Abdeslam avait comparu une seule matinée. Le tribunal de Bruxelles avait pourtant balisé quatre jours pleins, ainsi qu'un dispositif de sécurité titanesque. Son avocat, Sven Mary, avait le secret espoir de voir enfin son client s'exprimer. Mais Salah Abdeslam s'est une nouvelle fois muré dans le silence. Sa seule saillie, féroce, n'a duré que quelques secondes : «Je suis venu parce que je suis un acteur de ce procès. Je constate que les musulmans sont jugés impitoyablement. Il n'y a pas de présomption d'innocence. Dans ce dossier, il y a des preuves tangibles, scientifiques. Je souhaite qu'on n'agisse pas avec ostentation pour faire plaisir au public ou aux médias. Je témoigne qu'il n'y a point d'autre divinité qu'Allah, et Mohammed est son prophète. Jugez-moi, faites de moi ce que vous voulez. Je n'ai pas peur de vous, de vos alliés ou de vos associés. Je place ma confiance en Allah, mon seigneur.»

A 14h11, le 15 mars 2016, huit policiers (six Belges et deux Français) s’étaient présentés pour perquisitionner une planque attribuée à Khalid el Bakraoui, un des logisticiens des attaques de Paris et Bruxelles. Surprise, trois membres de la nébuleuse jihadiste y étaient retranchés, dont Salah Abdeslam. Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans, lui aussi coordinateur des tueries parisiennes, a alors ouvert le feu et blessé deux policiers, à la hanche et à la main. Ces quatre heures de face à face, kalachnikov au poing, avaient permis à Abdeslam et Ayari de fuir par le toit.

Cette première condamnation ne change nullement l’avenir judiciaire français du cadet des Abdeslam. Placé sous un régime d’isolement drastique à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, il attend désormais le procès des tueries parisiennes. Il devrait se tenir aux Assises spéciales de Paris en 2020 ou 2021.