Il y a un an, Emmanuel Macron arrivait en tête du premier tour de l’élection présidentielle face à Marine Le Pen. Avec 18 % des inscrits et 24,01 % des suffrages exprimés. Face à la candidate de l’extrême droite et après un débat d’entre-deux-tours où celle-ci perdit pied, il l’avait ensuite emporté nettement (66,1 % des voix). Des circonstances exceptionnelles pour une élection marquée du sceau du dégagisme, lors de laquelle la capacité à capter les colères du pays a largement pris le pas sur le fond des programmes, le tout avec une abstention au plus haut et un favori de droite (François Fillon) carbonisé par les affaires.
De ce premier tour remporté avec un score inférieur à ceux de Sarkozy et de Hollande, Macron ne peut tirer le mandat plein et entier qu'il revendique pour son projet de transformation du pays. Interrogé par Plenel et Bourdin sur la légitimité électorale du big-bang qu'il met en œuvre, il a d'ailleurs mis en avant le résultat des législatives de juin et la très large majorité obtenue par La République en marche. Simple «fait présidentiel» selon lequel un président élu obtient toujours dans la foulée une majorité à l'Assemblée ? Ou validation des orientations du candidat Macron ? Pour l'Elysée, pas de doute, la seconde option est la bonne.
Pour le pouvoir, la situation exige un Blitzkrieg, loin de la promesse sociale-démocrate et pour partie horizontale de l’ex-candidat. Si moult consultations ont eu lieu sur la réforme du marché du travail ou celle de la SNCF, le dialogue semble n’être que de façade, sans réel impact sur la décision finale. Dans ce brouhaha qui fait zapper l’actualité, de Notre-Dame-des-Landes à la SNCF, la loi asile et immigration a, elle, été adoptée dimanche soir. Les dispositions les plus décriées par la gauche et certains députés LREM ne figuraient pas dans son programme ? Qu’importe. A ses troupes le caporal Macron fait comprendre : «Je décide, exécutez-vous.»