A Notre-Dame-des-Landes, le «nouvel ultimatum» lancé aux zadistes ne passe pas. Le Premier ministre Edouard Philippe a en effet annoncé, ce jeudi matin sur Europe 1, que le comité de pilotage (Copil) chargé d'étudier les projets agricoles soumis aux services de l'État allait se réunir le 14 mai prochain. Soit trois semaines plus tôt que ce qui était prévu, selon les habitants de la «zone à défendre».
Passée cette date, ceux qui ne seraient pas inscrits dans un processus de régularisation pourraient alors alors expulsés. «Hier encore, on était à la Direction départementale des territoires et de la mer [DDTM], où on parlait du 6 juin pour qu'il y ait un examen approfondi de nos fiches», déplore Cyril Bouligand, membre du Copain 44, le collectif d'agriculteurs opposés à l'ex-projet d'aéroport. «On était alors dans une démarche de dialogue avec la DDTM et la préfecture : ils étaient assez satisfaits de nos fiches… Le fait d'avoir avancé ce comité de pilotage, ça ne fait que monter un peu plus la pression sur la zone.» Tous les zadistes réclament donc, encore et toujours, «du temps» pour peaufiner leurs projets. «Jusqu'alors, on ne pouvait pas le faire, car nous étions en situation illégale», rappelle Cyril Bouligand.
«Un nouveau chantage à la destruction»
On l'aura compris, les dix jours de «trêve» décrétés par le gouvernement ne satisfont donc pas les zadistes, qui exigent avant tout le départ des 2 500 gendarmes déployés depuis le 9 avril à l'intérieur et aux abords de la ZAD. «On a du mal à voir comment on peut continuer à développer nos projets si des grenades continuent de tomber dans nos jardins», s'énerve une jeune femme. Et le coût financier du déploiement des forces de l'ordre – qui est certainement entré en ligne de compte dans l'accélération du tempo gouvernemental – laisse de marbre les zadistes. «Nous, à la base, on ne leur coûte rien», rappelle l'un d'eux, lors d'une conférence de presse à «la Rolandière», l'un des 68 «lieux de vie» de la ZAD qui n'ont pas été évacués. «S'ils veulent arrêter de dépenser des millions, ils peuvent le faire immédiatement : nous, on ne demande qu'à retrouver une zone apaisée.»
Les habitants rappellent au passage qu'ils ont accepté de faire «un geste difficile», en déposant ces derniers jours 41 dossiers de «nominatifs», alors qu'ils venaient de «faire face à tout un ensemble d'attaques et d'agressions» de la part des gendarmes. «Le sens de l'annonce du Premier ministre ne s'inscrit malheureusement pas dans cette logique de dialogue réel», déplore l'un d'eux. «Pour nous, ce n'est pas une trêve réelle, mais un nouvel ultimatum et un nouveau chantage à la destruction, au tri et à de nouvelles expulsions.»