Pas vraiment l'homme qui tombe à pic. Actuellement en promo pour ses Leçons du pouvoir (éd. Stock), l'ancien Président, qu'on a pu voir au 20 heures de France 2 et mercredi soir sur TMC dans l'émission Quotidien, s'y prend assez mal pour revenir dans le jeu. Alors qu'à l'Elysée, depuis près d'un an, Emmanuel Macron avance au pas de charge sur nombre de dossiers et que sa popularité en pâtit particulièrement à gauche, cela aurait pu générer une forme d'attente à l'égard des commentaires de son prédécesseur et ancien patron.
Mais à trop verser dans la petite phrase piquante et même saignante (Macron, président des riches ? Non, des «très riches», a-t-il lâché sur TMC), quand il ne se fait pas l'avocat d'un quinquennat d'incompréhensions, de déceptions et finalement de ruptures avec la gauche, François Hollande prête le flanc aux porte-parole de la macronie, qui lui font déjà un procès en aigreur. S'il se retrouve enfermé dans le rôle du poil-à-gratter de l'actuel chef de l'Etat, les prochaines années vont être longues.
Dans son ouvrage, qui a trouvé son public puisque le tirage atteint désormais 90 000 exemplaires, il écrit pourtant des pages utiles sur les défis de la gauche sociale-démocrate face à la montée des inégalités et des populismes.
Mais dans l’émission d' «infotainment» de Yann Barthès, c’est le monsieur petites blagues d’avant 2012, assez drôle il est vrai, qui a repris le dessus et fait un bon score d’audience. Pour le plus grand plaisir de son noyau de fans, mais après ? Au-delà de ses critiques, quel message a-t-il pour la gauche et plus largement la France ?
Il semble en tout cas que l’impatience du plus grand nombre à écouter ses oracles reste mesurée : lors de son passage, certes en deuxième partie du JT, l’audimat avait chuté. Parce que ce n’est pas (encore) le moment ? Ou que son tour est durablement passé ? Evidemment, il le nie, mais comment ne pas prêter à François Hollande des velléités de retour ?
Reste qu’en redescendant dans l’arène politico-médiatique quand on pourrait attendre de sa part une posture plus en surplomb, ou même en retrait, il grille les étapes. Ce n’est pas ainsi qu’il redonnera l’envie d’avoir envie de lui. On comprend bien sa frustration, alors qu’il n’a même pas pu affronter le suffrage des Français au terme de son mandat et que son successeur récolte pour partie les fruits de sa politique économique. Mais il est tout aussi évident que beaucoup à gauche sont loin de lui avoir pardonné de ne pas avoir mené la politique pour laquelle il avait été élu.
Un tel malentendu ne se digère pas, d’un côté comme de l’autre, en 400 pages et quelques petits mois de retraite médiatique.
Dessin Murray. CIA