Pas de panique. La résilience de la société française face à la vague d'attentats islamistes de ces dernières années est en fait remarquable. Pour l'instant, les terroristes ont échoué à provoquer les réactions violentes qu'ils espéraient. La population, pour l'essentiel, garde son sang-froid. Disparates, éclatés, peu nombreux, les groupuscules d'extrême droite restent une menace mineure pour la sécurité publique. Le fascisme n'est pas aux portes. Mais la lucidité n'exclut pas la vigilance. Les investigations policières ont montré que plusieurs de ces phalanges identitaires envisageaient des actions armées. Plusieurs attentats, nébuleusement projetés, ont été déjoués. Les discours de haine s'accroissent sur le Web. A la droite du Front national, ou bien parmi certains de ses membres particulièrement exaltés, on tient un discours radical qui doit alerter les républicains. Sérénité mais aussi prudence : l'air du temps favorise les extrêmes. Les dissertations d'un Renaud Camus et de quelques autres sur «le grand remplacement» en passe, disent-ils, de supplanter la «civilisation occidentale» échauffent les esprits faibles. Les vaticinations paniquardes d'un Zemmour, les angoisses fiévreuses d'un Finkielkraut accréditent l'idée d'une Europe assiégée par l'islam ou encore minée de l'intérieur. L'amplification systématique des difficultés très réelles rencontrées dans l'intégration des minorités issues de l'immigration diffuse l'inquiétude. Et tout essai de retour au réel est stigmatisé comme un aveuglement. Ceux-là n'ont certes pas de responsabilité directe et condamneraient hautement tout recours à la violence. Mais ils créent une atmosphère. Tout le monde n'est pas académicien, publiciste, philosophe ou écrivain. Parfois les activistes prennent au pied de la lettre les envolées des littérateurs. Là est le danger.
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