Quinze minutes, salutations comprises. Les dernières négociations entre les syndicats de pilotes et la direction d’Air France, ce lundi, n’ont pas duré une seconde de plus. Le temps de constater le désaccord persistant entre chacune des parties, qui ne se reverront plus avant plusieurs jours. D’ici là, les 46 771 salariés de la compagnie auront eu la possibilité de se prononcer sur la situation de l’entreprise. Vendredi, les résultats de la consultation lancée par le président, Jean-Marc Janaillac, seront connus.
Depuis bientôt deux mois, le transporteur national vit au rythme de grèves tournantes, par séquence de deux jours, et qui se traduisent par l’annulation de 30% des vols en moyenne. Au cœur du conflit, la rémunération des salariés. Ils réclament un rattrapage après sept années de blocage des fiches de paie. La direction répond par des augmentations programmées pour les années à venir. Depuis, pas une once de rapprochement et un manque à gagner pour la compagnie évalué à 300 millions d’euros par la direction.
Les pilotes pas prêts à stopper le conflit
Difficile, dans ces conditions, d'imaginer ce que sera l'issue de ce conflit, qui risque de devenir l'un des plus longs que l'entreprise ait connus depuis plusieurs décennies. Son président tente actuellement une sortie par le haut en consultant directement les salariés sur les dernières propositions de la direction en matière salariale. Il a, en outre, mis sa démission dans la balance. Pour l'heure, les sondages internes prédisent un oui confortable à ce référendum. Si ce scénario se réalise, les dix syndicats de la compagnie, regroupés jusqu'à présent en un front uni, risquent de voir leur alliance chanceler. Leur position dure se retrouvant battue en brèche par les salariés. Des organisations telles que l'Unsa et FO pourraient alors se désolidariser du mouvement et être tentées par un accord avec la direction et les 7% d'augmentation prévues jusqu'en 2021 (à condition que l'entreprise réalise au minimum 200 millions de bénéfices d'exploitation chaque année). C'est précisément ce qu'espère le management de l'entreprise.
Reste que les pilotes, représentés par pas moins de trois syndicats, ne sont pas prêts du tout à stopper le conflit. «Je ne reconnais pas la validité de cette consultation qui n'est pas une alternative aux discussions avec nous», affirme Grégoire Aplincourt, président du syndicat des pilotes d'Air France. Les navigants demandent une augmentation spécifique de leur rémunération au-delà de celle réclamée par le reste des salariés La direction d'Air France est donc contrainte de trouver un terrain d'entente avec cette catégorie, qui possède la plus grande capacité de blocage. Le risque de pourrissement du conflit est bien réel. Des arrêts de travail sont d'ailleurs programmés ces jeudi et vendredi (3 et 4 mai) puis les 7 et 8 mai. Mezza voce, l'encadrement de la compagnie ne désespère pas non plus de voir la direction de la plus puissante organisation de pilotes, le SNPL, désavouée par sa base, qui en appellerait à la négociation en vue de conclure un accord. Dans l'attente d'un plébiscite de son président, la direction d'Air France spécule donc sur une motion de défiance contre le principal leader syndical.