Mercredi matin, dans un petit rade, tout près de la place de la République à Paris, l'équipe organisatrice de «la Fête à Macron» s'installe face à la presse. Des visages inconnus (sauf celui du chercheur Frédéric Lordon) afin de mettre de nouvelles têtes sur le devant de la scène - François Ruffin était absent à dessein. Ils s'agacent. Les questions tournent essentiellement autour des affrontements de la veille, lors du défilé du 1er Mai à Paris. Puis sur la sécurité lors de la marche prévue samedi. Les organisateurs reprochent à la presse de se focaliser sur les débordements. Une petite tension s'invite.
La bande condamne la casse sans s'épancher, elle ne nomme pas les coupables : elle refuse de tomber dans le «piège des médias», d'en faire le sujet principal pour oublier le reste : «la lutte» face à la politique du pouvoir «illégitime» en place. Frédéric Lordon argumente : «Depuis la marche du 1er Mai, les médias ne parlent que de ça, et cela devient : il n'y a que ça !» Un peu plus tard, il ajoute : «Ce que nous voulons, c'est une manifestation puissante et paisible. Nous souhaitons faire ce que nous avons prévu de faire, et advienne que pourra.» Comprendre : les organisateurs, qui répètent à l'envi les mots «fête», «joyeux» et «festif», se focalisent sur «la Fête à Macron» et l'adversaire «numéro 1» est le président de la République. Samedi, il y aura tout de même deux services d'ordre dans le cortège afin d'éviter les débordements : «Le premier, pour le cortège de tête, tourne autour de 100 personnes. Pour l'autre, on ne sait pas encore, ça va dépendre de la taille de la manifestation. Mais la préfecture aura évidemment son rôle à jouer.» Si les organisateurs de la marche refusent de s'épancher sur les questions liées à la sécurité, ils sont en revanche conscients que des débordements gâcheraient leur «fête».
Pendant ce temps, à gauche, la classe politique a très vite réagi, avec des sons de cloche différents. Mardi soir, l'ex-candidat du NPA à la présidentielle Philippe Poutou a expliqué que les dégradations à Paris étaient la traduction d'une «violence légitime». Le lendemain, son parti a souligné «ne pas partager la politique des groupes autonomes», tout en continuant de dénoncer la «fuite en avant répressive du gouvernement».
Du côté de La France insoumise, les députés ont condamné les violences sans attendre. Selon Jean-Luc Mélenchon, les «insupportables violences contre la manifestation» sont «sans doute» le fait des bandes «d'extrême droite». Le chef des insoumis s'est attiré quelques mots moqueurs après sa sortie sans preuves. Un de ses proches confie : «En fait, peu importe qui se cache derrière, ça fait du mal à toute l'opposition, à tous nos combats.»