Menu
Libération

Violences du 1er Mai : com et comparutions

publié le 4 mai 2018 à 20h26

Une grande opération de police… partie pour accoucher d'une souris. Mercredi matin, au lendemain des violences commises lors de la manifestation du 1er Mai à Paris, les autorités annonçaient des chiffres rutilants : pour 31 commerces et 16 véhicules dégradés, les forces de l'ordre avaient procédé à 283 interpellations. Un chiffre très important, rarement atteint en pareille circonstance.

Sauf que trois jours plus tard, le bilan judiciaire apparaît bien maigre. Il est vrai qu'une simple constatation arithmétique permet de relativiser l'efficacité du coup de filet policier : sur les 283 personnes arrêtées, seules 103 ont été ensuite placées en garde à vue. Vendredi, 47 d'entre elles avaient été déférées. 19 doivent être jugées en comparution immédiate, alors que 14 s'en sont déjà sorties avec un simple rappel à la loi. Enfin, la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris a prononcé vendredi en milieu d'après-midi une relaxe et une condamnation pour détention d'un fumigène.

Contacté par Libération, l'avocat Julien Pignon, qui a assisté plusieurs personnes interpellées, dénonce «une véritable offensive de communication orchestrée par le ministère de l'Intérieur». «Entre ce qu'on a vu à la télé et la réalité des coulisses, il y a un monde», peste l'avocat. De fait, une multitude de procédures ont été annulées pour des irrégularités, quand d'autres se sont écroulées pour des infractions insuffisamment caractérisées. «Du coup, observe Me Pignon, dans de nombreux cas, le parquet n'a fondé ses poursuites que sur le chef de "participation à un groupement formé en vue de commettre des dégradations". Il s'agit d'une infraction fourre-tout qui permet d'habiller des interpellations effectuées un peu au pif. C'est bien la preuve que l'accusation manque singulièrement d'éléments matériels.»