Philippe de Villiers (MPF) : «Il a compris qu’il lui fallait habiter le corps des rois»
«C'est une relation amicale qui s'est nouée avec Emmanuel Macron au travers du Puy du Fou. Deux choses l'ont amené là. Il a voulu voir un fleuron français qui l'intriguait, une entreprise tournée vers l'exportation mais qui est également très enracinée. Au Puy du Fou, deux Macron se sont succédé, le Macron entrepreneurial et le Macron régalien. Quand je lui ai demandé pourquoi il voulait venir, il m'a répondu qu'il cherchait partout "l'écho des tendresses françaises". J'ai trouvé cette réponse intéressante, symptomatique et poétique. Je lui ai fait remarquer que tous ses prédécesseurs préféraient aller à Disneyland et que, pour eux, Disneyland, c'était la France. Macron a compris qu'il fallait restaurer la fonction, la remettre à la bonne hauteur, que c'était l'urgence des urgences et que, par conséquent, il lui fallait habiter le corps des rois. Il possède la conscience du temps long. Il a compris qu'il lui fallait être un président anormal. Macron est un pragmatique. Il ne s'arrête pas aux étiquettes.»
François d’Orcival (éditorialiste à Valeurs actuelles) : «Il n’a pas peur»
«Macron séduit à droite quand, au journaliste de Fox News qui lui demande s’il y a une chance qu’il revienne sur la réforme de la SNCF, il répond : "No chance." C’est courageux, dit la droite, qui ne trouvait pas la même vertu chez ses propres leaders face aux porteurs de banderoles. Il n’a pas peur. Ni d’être le "président des riches" parce qu’il supprime l’ISF - réduit en IFI -, ni de réformer le code du travail, de mettre de la sélection à l’entrée à l’université, de rencontrer Trump et Poutine, si détestés à gauche. Il séduit à droite quand il sait rendre hommage à Jeanne d’Arc et à Simone Veil, à d’Ormesson, Johnny Hallyday, au colonel Beltrame, et quand il en appelle aux catholiques au [Collège des] Bernardins.
«Mais attention, c'est fragile la séduction : trop d'indulgence à l'égard des zadistes, de passivité à l'égard de l'islam politique, de distance avec la France profonde, peut retourner les électeurs, même retraités, qui ont apprécié en lui l'image du chef en command car [véhicule blindé dans lequel Macron avait remonté les Champs-Elysées le 14 Juillet, ndlr].»
Jean-Luc Moudenc (maire LR de Toulouse) : «Des réformes courageuses»
«Durant la campagne, certains de mes amis ont voulu faire passer Emmanuel Macron pour un clone de François Hollande. J’ai vite compris qu’il n’en serait rien. A de nombreuses reprises, il avait justement déclaré refuser de reproduire le passé. Et la nomination d’Edouard Philippe à Matignon a représenté un acte d’une portée considérable, comme le disait un appel que j’avais alors signé. Vis-à-vis de l’exécutif, je reste aujourd’hui positif et ouvert. Je fais le constat, comme beaucoup d’électeurs, qu’il a entrepris des réformes courageuses. Des réformes qu’on a longtemps attendues de la part de gouvernements de la droite et du centre, par exemple s’agissant de la SNCF.
«Mais Macron est-il de droite ? Il aime trop surprendre pour se laisser enfermer dans cette case, il voudra rééquilibrer son image. Et puis, sur les questions sociétales ou sur la réduction de la dépense publique, je ne crois pas qu’on ait affaire à une politique de droite.»