Emmanuel Macron, qui a pulvérisé il y a un an le paysage politique en se présentant comme le candidat du «en même temps», est aujourd’hui un président perçu comme le président rêvé de… la droite. Provocation facile ? Plutôt un constat, étayé par de nombreuses enquêtes d’opinion, de son style comme de l’orientation de la politique menée. Après la présidence agitée de Nicolas Sarkozy et celle «normale» de François Hollande, sa volonté d’incarner avec autorité la fonction a d’abord été saluée positivement par les Français. Mais de la symbolique régalienne séduisante à l’autoritarisme réformateur mal compris, il n’y a qu’un pas. Les mêmes Français lui reprochent aujourd’hui son art de la négociation sans compromis et l’image de président des riches, loin des préoccupations «des gens», s’est installée dans l’opinion. Emmanuel Macron a néanmoins de bonnes raisons de penser qu’il n’a en rien besoin d’adapter son style, encore moins d’infléchir sa politique. Certes, le printemps est agité. Mais, après un an, le chef de l’Etat résiste beaucoup mieux que ses deux prédécesseurs dans l’opinion. Les Français continuent de lui donner sa chance pour transformer le pays. Ils soutiennent par exemple sa réforme de la SNCF. La gauche comme la droite de gouvernement restent inaudibles. Et ses oppositions à l’extrême gauche comme à l’extrême droite n’incarnent pas des alternatives crédibles.
Alors pourquoi changer ? A moyen terme, quand arrivera l’heure des premiers bilans, persévérer dans son pari sera de plus en plus risqué. Sans inflexion à gauche, sans signe donné à cet électorat populaire qui doute des effets de sa politique sur son pouvoir d’achat, le chef de l’Etat se verra reprocher de ne pas tenir sa promesse du «en même temps». En 2017, les Français ont préféré donner sa chance à sa révolution centriste plutôt que de céder aux extrêmes. S’ils devaient se sentir trahis, ou si Emmanuel Macron échouait à obtenir des résultats, ils pourraient dans quatre ans éprouver le sentiment d’avoir, cette fois, vraiment tout essayé. Sauf les extrêmes. Ceux-là mêmes que le chef de l’Etat se réjouit aujourd’hui d’avoir pour seuls adversaires.