Journée monomaniaque en prévision ce lundi pour Edouard Philippe. Du petit-déjeuner au goûter, l’intégralité de ses rendez-vous est consacrée à la SNCF. Le Premier ministre a prévu de recevoir cinq organisations syndicales (CGT, Unsa, SUD, CFDT et FO), mais aussi les représentants des usagers et les trois principaux dirigeants de la SNCF. Sans oublier le représentant des présidents de régions, qui ont leur mot à dire puisque ces collectivités lâchent, bon an mal an, 3 milliards d’euros pour le fonctionnement des lignes dites secondaires.
L’objectif de ces consultations en série est de relancer la mécanique des négociations. Depuis le 24 avril, les discussions sont plutôt au point mort, après que les syndicats ont claqué la porte du bureau de la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Traiter directement avec le Premier ministre faisait partie de leurs exigences, et ils ont partiellement obtenu gain de cause. Philippe les recevra, mais séparément, ce qui n’augure pas d’échanges où les points durs de la réforme du système ferroviaire vont être abordés. D’autant que le Premier ministre a réaffirmé qu’il ne reviendrait pas sur trois piliers : la réorganisation de l’entreprise, l’ouverture à la concurrence et la fin du recrutement au statut des cheminots.
Questions qui fâchent
De fait, les représentants syndicaux prennent le chemin de Matignon avec «un optimisme modéré», selon le secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, Roger Dillenseger, qui prévoit de remettre sur la table ses demandes sur «la reprise de la dette et le financement des infrastructures». Le numéro 1 de la CGT cheminots, Laurent Brun, devrait demander l'organisation de tables rondes tripartites - Etat, syndicats et représentants de la SNCF - sur chacune des questions qui fâchent, comme la fin du statut des cheminots ou les conditions d'ouverture à la concurrence des chemins de fer français.
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Les trois semaines qui suivent ces rencontres à Matignon seront en tout cas déterminantes. L'examen de la loi sur la réforme ferroviaire reprend le 29 mai au Sénat. Si d'ici là, toutes les parties ont trouvé quelques points de convergence, ils pourront être adoptés sous forme d'amendements. Dans le même temps, et sous l'égide de l'Union des transports publics (UTP) qui regroupe tous les employeurs du secteur ferroviaire, on s'active pour préparer une nouvelle convention collective. Elle doit entrer en vigueur le 1er janvier 2020, lorsque le statut historique des cheminots deviendra caduc.
Si ces deux chantiers avancent significativement, tous les espoirs sont permis. A contrario, le gouvernement pourrait être tenté de jouer le passage en force par le biais d’ordonnances, comme le prévoit la loi en cours d’adoption. Les organisations syndicales trouveraient alors une nouvelle légitimité pour poursuivre, voire durcir, leur mouvement.