En l'espace de trois jours, deux hommes sont morts noyés dans le canal Saint-Denis et le canal Saint-Martin, à Paris. L'identité du premier, dont le «corps, flottant, [a été] trouvé dans un état de décomposition avancé» dimanche, selon la préfecture, n'a pas encore été élucidée. L'homme n'avait pas de papiers sur lui. Le deuxième est un Afghan âgé d'une vingtaine d'années, selon France Bleu, qui a révélé les faits mardi après-midi. Il aurait sauté dans le canal pour le traverser, probablement alcoolisé, rapporte la radio, citant le parquet, qui a ouvert des enquêtes.
Le point commun entre les deux hommes : leurs corps ont été découverts près de campements de migrants, l’un à côté du camp dit du Millénaire, à Aubervilliers, le second à côté de celui du canal Saint-Martin.
Le directeur général de France Terre d'asile, Pierre Henry, a réagi mardi sur Facebook : «Ce drame [il évoque le deuxième homme, ndlr] était prévisible, presque programmé. Il y en aura d'autres, si rien ne bouge. Deux mille personnes survivent depuis trois mois pour la plupart à 50 cm du canal ou sur un nœud autoroutier à la sortie de la Porte de La Chapelle. […] Il n'y a aucune raison d'attendre pour programmer et réaliser une mise à l'abri sans condition préalable.»
Au-delà du fait individuel, ces deux morts relancent la polémique sur les conditions de vie, déjà dénoncées comme «indignes» par le Défenseur des droits, Jacques Toubon, en particulier sur l'absence de sécurité, dans ces lieux où s'entassent des milliers de migrants à Paris. Selon le dernier recensement effectué par la Ville, le campement du canal Saint-Martin compte 455 occupants, celui de la Porte de la Chapelle, 300, et, le long du canal Saint-Denis sous des tentes, celui de la Porte de la Villette, aussi appelé campement du Millénaire, compte 1 570 personnes. La fermeture du centre de premier accueil de la Porte de la Chapelle, fin mars, n'aurait pas arrangé la situation. L'Etat a mis en place cinq centres d'accueil et d'examen de la situation, proposant 750 places en Ile-de-France. Mais un seul de ces centres est à Paris. «Depuis la fermeture du centre humanitaire, se sont reconstitués à Paris des campements de masse. Le système mis en place par l'Etat n'est pas assez dimensionné. La mairie demande la mise à l'abri depuis deux mois», explique-t-on à l'Hôtel de Ville. Mi-avril, Christophe Castaner avait répliqué que la mairie n'avait qu'à se tourner vers la justice.