Menu
Libération

Nathalie Loiseau et le «shopping de l’asile»

publié le 9 mai 2018 à 21h16

Avec un intitulé pareil - «L'Union européenne face aux défis de la sécurité, des migrations et des frontières» -, il fallait s'attendre à quelques éclats de voix mercredi, même dans le carmin feutré du Sénat. La majeure partie des questions de la séance a été consacrée à la situation des réfugiés, offrant un avant-goût du futur débat sur le projet de loi asile et immigration que l'Assemblée a adopté dans la douleur fin avril. Sénatrice écologiste, Esther Benbassa a interrogé la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, sur la procédure dite de Dublin, qui impose aux demandeurs d'asile d'effectuer cette demande dans le pays par lequel ils arrivent dans l'UE. Une procédure obsolète et inopérante, estime l'élue parisienne, qui a demandé comment le gouvernement «comme il prétend le souhaiter, [allait] rendre le droit d'asile effectif en France et sur le territoire européen».

Tout en reconnaissant que le règlement de Dublin était dépassé et qu'il fallait le revoir, la ministre a alors laissé entendre que la faute était en partie celle des migrants. «Lorsque l'on arrive du Sud-Soudan, on peut faire du shopping de l'asile et trouver qu'on est mieux en Suède qu'en Italie, mais enfin tout de même», s'est agacée Nathalie Loiseau, déclenchant une mini-bronca dans les rangs de la gauche. «Je ne voudrais pas qu'on puisse considérer que l'Italie n'est pas un pays où on peut demander l'asile», a ajouté la ministre, espérant une stabilisation de la situation politique italienne pour renforcer les procédures d'asile européennes.

«Comment osez-vous utiliser ce mot de "shopping" pour parler de gens qui sont dans la misère, dans la souffrance, dans le dénuement ?» a répliqué Esther Benbassa, avant que plusieurs de ses collègues de gauche n'embrayent sur Twitter.