Serait-ce le pari le plus rentable de l’histoire du documentaire ? Lorsque Laurent Cibien et sa caméra se mettent dans le sillage d’Edouard Philippe, en 2004, celui-ci est un simple conseiller régional de Normandie, inconnu du grand public. En filmant au long cours la carrière de son ancien camarade de classe, le réalisateur souhaite documenter la fabrique du pouvoir à la française. Il sera exaucé au-delà de toute attente : treize ans plus tard, c’est à Matignon que Cibien poursuit l’exercice.
Avant cela, il y eut la primaire de droite : Philippe y est porte-parole d'Alain Juppé. Ce sont ces quelques mois de campagne que raconte le deuxième épisode de la série Edouard, mon pote de droite, diffusé mardi soir sur France 3. Le spectateur connaît la suite ; il se régalera, un peu facilement, des réflexions du Normand sur son futur patron. «Emmanuel, je l'aime bien, et puis je crois que je suis à peu près d'accord sur tout avec lui», confie-t-il à quelques journalistes. Mais «ça m'étonnerait qu'il gagne, je n'y crois pas le début du commencement d'une seconde […] sauf séisme inconcevable.» Autre remarque à double détente, devant une intervention télévisée de Manuel Valls : «Il est de plus en plus marqué, Manolo… Ça doit être dur d'être Premier ministre.»
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L'ensemble fait le récit intime et souvent drôle d'une primaire perdue contre toute attente. Et brosse le portrait d'un Philippe tantôt raide, tantôt sarcastique. «L'avantage quand on est un élu portuaire, c'est qu'on a l'habitude des marées qui montent et qui descendent, relativise-t-il, alors que la cote de Juppé est encore au plus haut. Elle redescendra.»