«C'était dans la nuit du 6 au 7 octobre 2017, à Paris. On avait fêté l'anniversaire d'une amie dans un bar, avant de poursuivre la soirée dans une boîte de nuit, la Java. On est sorties vers 3 heures du matin. On attendait notre petite bande en face de la Java. On s'est embrassées, on avait passé une bonne soirée, quand un groupe de mecs avec des scooters a commencé à nous traiter de "sales gouinasses, sales lesbiennes".
«Deux d’entre eux étaient nettement plus véhéments. On n’a rien dit. Ils ont recommencé. On leur a dit d’aller se faire foutre. Ils ont continué. Le plus grand a frappé Mathilde. Coup de poing dans l’œil. Gifle à l’oreille droite, à la gauche. Etourdissements. Les lunettes protègent l’œil mais se brisent. Moi, Chloé, je prends aussi des coups. Je tombe. Chaque fois qu’on essayait de partir, ils revenaient à la charge. Notre amie a demandé aux videurs d’intervenir. Ils n’ont pas voulu, mais c’est peut-être eux qui ont appelé les flics qui ont débarqué. A temps. Ils nous ont emmenées au commissariat et proposé de porter plainte.
«Notre amie aussi a témoigné. On a identifié nos agresseurs. Le lendemain, on était encore en état de choc et avons dû aller faire constater nos blessures à l’unité médico-judiciaire de Paris. Mathilde a eu quatre jours d’incapacité totale de travail (ITT), moi deux. On a témoigné à SOS Homophobie dans la foulée. Le 20 novembre, nos agresseurs ont été jugés et ont pris quatre mois ferme, sept mois de travaux d’intérêt général, deux ans d’obligation de soins, le remboursement des frais de justice… On a été soulagées et on a eu le sentiment d’être entendues. La circonstance aggravante de l’homophobie a été retenue dans l’agression, ce qui était très important pour nous.»