Menu
Libération
Billet

Pour le droit à l'indifférence à l'égard du ramadan

Des musulmans prient à la Grande Mosquée de Paris, lors du ramadan, le 26 mai 2017 (Photo Benjamin CREMEL. AFP)
publié le 16 mai 2018 à 17h02

Ces derniers temps, Tareq Oubrou, une voix respectée au sein de l’islam de France, recteur de la mosquée de Bordeaux, revendique pour les musulmans, le droit à l’indifférence. C’est une bonne idée. Le leader religieux, de manière non violente, prône, en somme, un cessez-le-feu sociétal, le droit pour ses fidèles de vivre en paix leur religion. Loin des polémiques et dans la discrétion.

Le début ce jeudi du ramadan 2018 pourrait en fournir l’occasion. Il ne s’agit pas là de réclamer (loin s’en faut) aux musulmans de la discrétion, dans le but de se faire oublier. C’est tout l’inverse. Il s’agit d’admettre - et pour la société toute entière - que leur présence, au fond, s’est banalisée. Faut-il dès lors mettre en avant, encore une fois le ramadan ? Est-ce réellement un événement ? Pas vraiment. Même s’il y a toujours, un brin de suspens (savamment entretenu) pour donner le top départ du jeûne.

Comme Pâques (ou Noël) pour les chrétiens, le ramadan revient inexorablement chaque année. Pas de quoi alors fouetter un chat ! Le temps de la pédagogie (quand il fallait expliquer ce qu’était cette pratique religieuse) est révolu. Tolérante malgré les accès de fièvre et de polémique (savamment entretenus, eux aussi), la société a intégré qu’il s’agissait d’un moment important pour les musulmans. Qu’en dire de plus ?

Les identitarismes religieux se nourrissent les uns des autres. Si une partie du monde catholique conservateur et militant affiche une nouvelle visibilité, c’est parce que, devenu une minorité, il redoute de se faire damer le pion par l’islam. A ce jeu-là, tout le monde est perdant. Quelques énervés identitaires chrétiens ont lancé le 12 mai, sous le hashtag Montre ta croix, une croisade. Ils demandent à leurs affidés d’afficher ostensiblement ce symbole chrétien chaque jour sur les réseaux sociaux. Aux fondamentalistes de tout poil, on serait bien tenté de crier : vade retro satanas !