Il n'y aura pas de énième plan banlieue… Voilà une mâle déclaration au parler-vrai paradoxal. Certes le terme «plan banlieue» a quelque chose de dévalué, dès lors que la situation dans les quartiers tend à s'aggraver en dépit des efforts fournis depuis quarante ans. Pas de «plan», donc, quand on se fixe pour objectif de ne pas faire quelque chose, en général, on y arrive : mission accomplie. On peut seulement se demander pourquoi le Président a accepté que Jean-Louis Borloo fasse un «énième plan», pour déclarer ensuite que la démarche est dépassée. Mystère de la communication. Pourtant, contrairement à ce que dit l'opposition, Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures utiles, fondées sur une idée directrice : rendre leur dignité aux habitants des quartiers populaires, en œuvrant pour une meilleure équité. Une espèce de plan, en quelque sorte. Ou un plan-plan… Quelles mesures ? De l'argent pour la rénovation urbaine : ce n'est pas nouveau mais c'est appréciable ; des places de crèche, fort bien ; un «testing» pour débusquer la discrimination par le nom ou l'origine territoriale dans les entreprises ; une instance de recours chargée de vérifier que les quartiers populaires ne sont pas délaissés (voir le rapport parlementaire sur la Seine-Saint-Denis, qui tend à montrer que c'est le cas) ; des filières directes de promotion des élèves issus «des quartiers» ; un «plan» (aïe) de lutte contre le trafic de drogue, qui ne sera pas de trop. Est-ce à la mesure du défi ? Non. Borloo attige quand il explique que le Président a «coché toutes les cases». Le coût de ses propositions avait été chiffré à quelque 50 milliards d'euros. On en est loin. Il paraît que les fonctionnaires de Bercy - «les petits hommes gris», dixit Borloo - étaient pendus au signal d'alarme en découvrant le coût des mesures proposées. C'est probablement la vraie raison de la «nouvelle méthode» Macron.
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