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A quoi sert l'«invention» de la métropole du Grand Paris ?

Une deuxième session de la consultation d'aménagement «Inventons la métropole du Grand Paris» a été lancée sur 30 sites répartis dans 21 villes de l'agglomération. Une opération d'urbanisme qui consolide aussi la légitimité de la récente collectivité métropolitaine.
Le président de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, en avril 2017 à Paris. (Photo Bertrand Guay. AFP)
publié le 24 mai 2018 à 10h12

«Inventons la métropole du Grand Paris» fait partie de cette catégorie d’appels à projets qui rendent bien service aux élus. Une fois que ces derniers ont déniché un terrain à aménager, ils le proposent au concours. Un jury fait le tri entre les sites constructibles et les rossignols improbables. Après quoi, des équipes groupant investisseurs, promoteurs, architectes, urbanistes, paysagistes… choisissent un endroit, dessinent un projet pour l’aménager et offrent un prix pour acheter le terrain. En gros, si le maire n’a pas d’idées, l’investisseur en aura à sa place.

Pour cette deuxième édition, 30 lieux ont été retenus sur 21 communes. Pas tous vides au demeurant. L'ancienne école d'architecture de Nanterre, «emblème de l'architecture proliférante des années 70», dixit sa fiche, va peut-être sortir de sa ruine grâce à la consultation. On trouve dans la liste, entre autres, l'ancienne école de plein air de Suresnes (Hauts-de-Seine), le pas facile pôle Gallieni de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), avec vue sur l'échangeur périphérique A4 ou le méconnu fort militaire de Villiers, noyé dans la verdure et qui, «contrairement à son nom, est à Noisy-le-Grand» (Seine-Saint-Denis), fait remarquer la maire de cette commune.

La première session, lancée en 2016, avait vu les investisseurs promettre de bâtir 2,6 millions de mètres carrés et de décaisser 7,2 milliards d’euros de leurs fonds. Rien n’est encore sorti de terre mais certaines opérations déposent déjà leurs demandes de permis de construire.

Toutefois, «Inventons la métropole du Grand Paris» ne sert pas seulement à ériger des édifices. Le succès de la consultation est aussi fort utile pour consolider la fragile existence de l'institution métropolitaine. Patrick Ollier, son président, entend depuis des mois de sombres prophéties sur l'avenir de la métropole, que le Président voudrait réformer de fond en comble. Sauf que, comme rien ne s'est produit jusqu'à présent, Patrick Ollier «propose maintenant au président de la République de conclure un accord pour mettre en œuvre sa politique de la ville sur le périmètre de la métropole». Sûr de compter.