Ce serait une grande victoire… Pour un mouvement dont on dit qu’il peine à s’implanter dans la vie locale, la conquête de Paris est un Graal. De quoi désavouer une fois pour toutes ceux qui voient En Marche comme une création artificielle, dédiée à l’aventure d’un homme, une formation-minute sans racines, étrangère aux courants de longue histoire qui structurent - ou qui structuraient - la vie politique. Un score canon lors de la présidentielle, une réussite aux législatives, une sociologie favorable, où les bobos jusque-là attirés par le PS pourraient basculer définitivement du côté du mouvement start-up fondé par un start-upper jupitérien : les atouts ne manquent pas pour remporter cette étape sur la route d’une éventuelle réélection. Et comme les conquêtes se préparent de longue main, les grandes manœuvres ont commencé. Sur cette route radieuse, un obstacle se dresse : Anne Hidalgo. Socialiste se tenant à l’écart des querelles de parti, appuyée par une coalition qui résiste à la tempête soufflant sur les gauches, munie d’un bilan qui plaît aux classes moyennes progressistes, suffisamment sociale pour conserver les quartiers plus populaires, animée par un impératif écologique où sa croisade anti-automobile n’est pas forcément un handicap - la moitié des Parisiens n’ont pas de voiture -, la maire de Paris ne rendra pas facilement la place. Son autoritarisme supposé peut être vu comme un volontarisme. Face à Jupiter, une Junon n’est pas de trop… D’autant que la tentation sera forte, pour le macronien en lice, de rechercher les suffrages de la droite parisienne écartelée entre la ligne très à droite de Wauquiez et les sinuosités des juppéistes heurtés par l’identitarisme de LR décentré. On aboutira dans ce cas à une joute droite-gauche où le macronisme dira sa vraie nature. Libéralisme contre social-démocratie : l’enjeu est national.
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