C'est une question qui agite le microcosme industriel depuis des années. Qui prendra les rênes de l'empire Dassault ? Sur le papier, le cas de figure est prévu depuis le 26 juin 2014. A cette date, un communiqué prévoit que Charles Edelstenne prendra automatiquement la présidence du Groupe industriel Marcel Dassault (GIMD), la société holding qui contrôle Dassault-Aviation et ses deux branches : les avions civils et les appareils militaires. Combien de temps Charles Edelstenne, embauché en 1960 et fidèle bras droit de Serge Dassault, occupera-t-il cette fonction de «président statutaire successif», créée spécialement pour lui ? Nul ne le sait. «La succession de l'industriel doit faire, à tout le moins, l'unanimité de ses enfants et, vu la manière dont ils s'entendent, rien n'est acquis», constate un analyste financier rompu au fonctionnement de l'entreprise.
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Un temps, Olivier, le député, a fait figure de favori avant que sa cote ne faiblisse. Son frère Laurent, versé dans les technologies, a ensuite semblé tenir la corde. En mars, un remaniement au sommet de la holding GIMD est venu relancer les spéculations : Marie-Hélène Habert, la fille de Serge Dassault, a été nommée présidente du conseil de surveillance de GIMD en remplacement de son frère Olivier. Certes, ce changement est une conséquence de la loi de 2013 qui interdit certains cumuls de fonction aux députés. Olivier Dassault ne pouvait donc plus conserver ses fonctions.
La nomination de Marie-Hélène Habert pourrait faire de son mari Benoît Habert, qui travaille au sein du groupe, un candidat potentiel. Afin d’éviter toute mauvaise surprise pour le devenir d’une entreprise située dans un secteur stratégique, l’Etat a pris les devants dès 2014. Il s’est invité au capital de Dassault-Aviation et possède un droit de préemption au cas où il y ait des mouvements importants sur les actions de l’entreprise. Une manière d’éviter que le groupe atterrisse entre des mains non souhaitées.
Quelle que soit l’identité du nouveau patron de l’empire Dassault, il devra prendre en compte la recomposition du paysage aéronautique mondial. Airbus a récemment pris le contrôle du fabricant canadien d’avions Bombardier et continue à afficher un solide appétit. Sans successeur à son avion de combat Rafale et sur un marché des jets privés en petite forme pour écouler ses Falcon, l’avionneur français a encore quelques années devant lui pour se forger un avenir.